De 2011 à 2015, Gilles Tonelli a occupé le poste d’ambassadeur de Monaco en Belgique, aux Pays-Bas et au Luxembourg. Une période pendant laquelle il a aussi été chef de mission auprès de l’Union Européenne. Un atout certain pour le nouveau Conseiller de Gouvernement pour les Relations Extérieures et la Coopération.
Quels sont les grands dossiers suivis par les Relations Extérieures ?
Ils concernent en priorité les orientations que S.A.S. le Prince Souverain a définies et qui sont pour partie fonction de Ses engagements et pour partie le fruit de l’actualité ; ainsi on peut dire aujourd’hui que les deux sujets principaux concernent, pour l’un, la COP 21 à Paris et, pour l’autre, la négociation avec l’Union Européenne.
Les grands sujets d’actualité internationaux comme la difficile question des réfugiés fait également partie des grandes préoccupations actuelles. Ensuite est traitée de façon générale la mise en pratique de notre politique de neutralité active tant au sein des instances internationales que dans les dossiers bilatéraux et bien entendu le suivi de nos positions dans le multilatéral pour porter la voix de Monaco.
Peut-on faire un point sur la négociation avec l’Union Européenne ?
Elle est en cours et prendra entre deux et trois ans. Il s’agit d’ouvrir au maximum le marché des entreprises monégasques. Mais aussi de respecter les particularités de notre marché : Monaco, cité-Etat, doit préserver son identité nationale et le dynamisme de son modèle économique. Il est nécessaire de multiplier les échanges avec les acteurs économiques, afin de mieux comprendre leurs préoccupations, pour défendre avec efficacité leurs spécificités. Franck Biancheri a été chargé de cette mission d’interface avec le secteur privé. Le Conseil Economique et Social, la FEDEM (Fédération des Entreprises Monégasques), l’AMAF (Association Monégasque des Activités Financières) ou bien encore le comité regroupant les professions règlementées sont aussi consultés régulièrement.
Votre Département suit aussi la coopération internationale ; comment est structurée la coopération monégasque ?
La coopération monégasque fait l’objet d’une Direction spécifique au sein du Département, dirigée efficacement par Mme Bénédicte Schultz. Elle comporte une douzaine de personnes et elle est structurée par le suivi des programmes soit bilatéraux, soit multilatéraux, soit transversaux, soit relevant de la protection civile et de l’urgence.
Cette Direction établit et propose des plans à trois ans pour la coopération dans l’orientation choisie par S.A.S. le Prince Souverain et elle a ensuite pour mission de suivre la bonne exécution des projets retenus. Il lui appartient également d’apporter une aide aux situations d’urgence.
La coopération s’appuie sur des coordinateurs techniques locaux : 5 actuellement en Tunisie, Mali, Madagascar, Burkina et Niger.
La Direction s’appuie également sur les Volontaires Internationaux de Monaco. Depuis la création des VIM en 2008 (21 à 35 ans) plus de 35 sont partis en mission et à ce jour il y a 7 VIM en poste principalement en Afrique (5), Madagascar (1) et Mongolie (1).
Quelles sont les orientations données à cette coopération ?
Le choix opéré par le Souverain pour notre action en matière de coopération est de s’intéresser à un nombre limité de pays et de s’y impliquer de façon régulière, pratique et pragmatique. Ainsi, trois domaines d’intervention sont privilégiés : santé – éducation – insertion socio-économique.
Une douzaine de pays ont été retenus en 3 zones géographiques : Afrique de l’Ouest – Magreb Mashrek – Afrique de l’Est et australe plus la Mongolie.
Cinq programmes phares sont suivis sur tous ces pays :
- lutte contre la drépanocytose ;
- soutien aux enfants des rues ;
- lutte contre les pandémies ;
- soutien aux personnes en situation de handicap ;
- appuis aux programmes de protection civile.
Au-delà de ces principes, nous nous attachons à développer la coopération selon les méthodes les plus efficaces. Ainsi, nous développons actuellement un appui à certaines initiatives sous deux formes complémentaires, d’une part, avec un investissement financier et d’autre part, avec une assistance aux moyens techniques à mettre en oeuvre pour porter vers la réussite les projets. Ainsi pour les PME en Afrique.
Ce thème rejoint la prochaine COP 21 à Paris : la coopération mise en oeuvre par Monaco a-t-elle un lien avec les questions de changement climatique ?
Oui, la coopération se doit également de prendre en compte cette dimension dès lors que si rien n’est fait, les prochaines personnes qui devront être aidées seront les réfugiés climatiques.
En effet, à cause des catastrophes comme la montée des eaux ou les phénomènes météorologiques violents résultant de ce changement, de nombreuses personnes peuvent être déplacées hors de leurs frontières.
Monaco a déjà fait de nombreux efforts. Dans le cadre de sa participation à la première période du Protocole de Kyoto, par rapport à 1990, Monaco a réduit ses émissions de 13,2 % en 2012 et a rempli son objectif de les réduire de 8 % en moyenne sur la période 2008-2012. La Principauté présente aujourd’hui un objectif de réduction d’émissions de gaz à effet de serre de 50 % à horizon 2030.
La Principauté fait partie du « groupe des amis de l’initiative Nansen (premier haut commissaire aux réfugiés et explorateur arctique) » qui s’inscrit dans le cadre des 17 objectifs du développement durable, de la COP 21 et de la prévention du risque de catastrophes. Lancée en octobre 2012 par la Suisse et la Norvège, cette initiative regroupe aujourd’hui de nombreux pays.
Un recueil de bonnes pratiques a déjà été établi et a valeur de recommandations sans vocation contraignante.
Ainsi, Monaco est impliqué dans l’initiative Nansen qui a pour objet de venir en aide dans le futur à ces réfugiés et dont l’objectif est de se préparer au mieux à ces changements.