Le 18 octobre prochain, l’ACI (The Financial Markets Association) accueille une conférence sur « l’énergie solaire, nouveau roi de la production d’électricité », présenté par M.Pascal ROCHAT. Fondateur d’ Active Niche Funds en 2007, il gère Active Solar, premier fonds de placement spécialisé sur le secteur mondial de l’énergie solaire, et couronné meilleur fonds durable thématique aux Swiss Sustainable Funds Awards 2020 et 2021.
Pouvez-vous nous présenter brièvement Active Solar ?
C’est le seul fonds investi en actions avec une liquidité quotidienne, spécialisé sur le secteur mondial de l'industrie solaire. Dès 2007, j’ai eu l’intuition que le solaire jouerait un rôle majeur dans le futur de l’énergie, c’est pourquoi j’ai créé Active Niche Funds, société suisse régulée par la FINMA. Aujourd’hui, nous distribuons notre fonds solaire dans tous les pays d’Europe. Le Professeur BALLIF, à la tête de la recherche de l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne sur le photovoltaïque, lauréat du prestigieux prix Becquerel pour sa contribution au domaine photovoltaïque et membre de l’Académie suisse des sciences techniques nous apporte un soutien scientifique et technologique. Active Solar gère 250 millions de d’euros, notre performance annuelle 2022 est excellente : nous sommes proches de 0% dans un univers de marché à -20% -30%.
Comment le solaire s’inscrit-il dans la transition énergétique ?
Cette année, les nouvelles installations solaires s’élèveront à 250 gigawatts (GW), sachant qu’un gigawatt correspond à la puissance d’un gros réacteur nucléaire. L’expansion du solaire est spectaculaire : le marché a été multiplié par 100 en quinze ans, la Chine en représentant la plus grosse part en installant presque 100 GW par an, suivie par l’Europe et les Etats-Unis. A titre d’exemple, les panneaux solaires installés uniquement cette année dans le monde sont suffisants pour satisfaire la consommation énergétique d’un pays comme la France.
Le conflit ukrainien dope-t-il les objectifs d’installation de panneaux photovoltaïques ?
Oui, l’Union Européenne va installer au minimum 60 à 70 GW par an. L’argument de la sécurité énergétique devient de plus en plus prégnant. Le marché du solaire est à la fois poussé par la décarbonation, mais aussi par la volonté de tous les pays d’acquérir leur indépendance énergétique. Le mot clé est la décentralisation de la production d’électricité. On s’attend à un doublement du marché mondial d’ici 2025. La Chine, les USA, l’Inde, le Japon, quasiment tous les pays du monde installent plus de photovoltaïques chaque année.
Quel est le rôle du solaire dans la décarbonation de l’économie ?
Le total de la capacité solaire dans le monde à fin 2022 s’élèvera à 1200 GW, qui auront produit environ 5% de l’électricité mondiale. On se dirige très nettement vers un scénario de décarbonation des principales économies d’ici 2050, où le solaire va probablement dépasser 20% de la production mondiale en 2030, avec plus de 5000 GW de puissance installée.
Pour décarboner l’économie, il faut utiliser l’électricité en direct chaque fois que cela est possible, et sinon, se servir de l’hydrogène comme autre vecteur d’énergie. L’électricité va représenter plus de 50% de la consommation finale d’énergie dans un monde décarboné (20% aujourd’hui), et la moitié sera produite par le solaire, principal facteur de décarbonation pour plus de 55% d’émission de CO2.
La quantité des panneaux solaires installés dans les 8 prochaines années représentera au minimum 4 fois l’ensemble des panneaux installés depuis le début de l’industrie en 2000. Nous sommes à un point d’inflexion et d’accélération de la décarbonation.
Peut-on parler de révolution dans le marché de l’énergie ?
La différence fondamentale entre énergies fossiles et énergies renouvelables, c’est que pour ces dernières, le carburant est gratuit. Cela change effectivement toute la dynamique du marché de l’énergie.
Le solaire est leader en termes de nouvelles installations annuelles et représente 50% de toutes les nouvelles installations d’électricité installées dans le monde chaque année, l’éolien environ 35% et le gaz quelques 10%. L’énergie solaire est devenue extrêmement bon marché : aux USA, le coût de production est passé de 360 dollars le megawattheure à 36 dollars aujourd’hui, soit moins de 4 centimes le kilowattheure.
Il y a un consensus non seulement chez les électriciens mais aussi dans les grandes compagnies pétrolières sur le fait que le solaire est le grand gagnant de la transition énergétique.
Pourquoi investir maintenant ?
Parce que la technologie, l’industrie et le marché sont matures. Depuis 2017, le solaire est concurrentiel. Beaucoup d’États ont investi dans la transition énergétique pour éviter une récession lors de la crise du COVID et les investissements s’accélèrent encore en 2022 avec la crise énergétique provoquée par la guerre Ukraine.