Le Prince Souverain et le Gouvernement Princier ont érigé la transition numérique comme priorité. Dans ce cadre, la transformation de l’économie monégasque par le numérique est une priorité clé. Frédéric Genta, diplômé de l’ESCP Europe et d’un MBA d’Harvard en finance et économie, est aujourd’hui délégué interministériel en charge de la transition numérique avec une équipe de plus de 100 personnes. Il nous détaille son approche pour contribuer à l’essor de la place financière monégasque.
Comment construire la transition numérique à Monaco ? Concrètement, qu’est-ce que cela signifie ?
C’est en fait trois missions : développer la qualité de vie (la santé, l’éducation, la sécurité…), moderniser l’administration (par exemple réfléchir à la dématérialisation de certaines démarches administratives), et enfin permettre à Monaco de transformer son économie, de saisir de nouvelles opportunités, afin que son tissu économique soit en ligne avec les pratiques à très haute valeur ajoutée dont Monaco a besoin. La réussite de cette transition déterminera le futur de Monaco pour les dix, quinze ans à venir au moins, en accord et en alignement avec la stratégie définie par S.A.S. le Prince Souverain. C’est un challenge unique et historique mais j’ai une équipe solide d’une centaine de personnes pour le relever.
L’industrie blockchain révolutionne, entre autre, le monde de la Finance. Quelle est votre opinion sur les blockchains ?
La blockchain, à mon sens, n’est pas une technologie très mature. Au niveau écologique, on ne peut que constater qu’elle consomme beaucoup d’énergie. Nous n’avons pas vocation, à Monaco, à développer la technologie blockchain sans application pratique dans l’économie réelle. Le pays n’ayant pas de Bourse, nous ne pratiquons pas d’IPO (Initial Public Offering), mais nous pouvons attirer des entreprises via les ICO (Initial Coin Offering). Nous avons vis-à-vis des ICO une vision qualitative, sécuritaire, avec le plus haut niveau normatif au monde.
Nous sommes ouverts aux ICO s’ils portent des projets en affinité avec la Principauté, au service d’entreprises liées par exemple à l’économie verte ou à la santé. Nous préconisons le plus haut niveau de contrôle des souscripteurs monégasques.
Le projet de loi déposé par Thierry Poyet au Conseil National va être transformé par le gouvernement en début d’année. Notre but est de permettre de poser des définitions solides, de nous doter d’un niveau normatif et sécuritaire fort, aligné avec les recommandations de la France et de l’AMF, et de nous permettre de mettre en place une politique d’ICO pertinente pour attirer des entreprises ciblées et connues en Principauté.
Par ailleurs, nous n’avons pas vocation à créer une cryptomonnaie monégasque. Nous n’en n’avons ni le besoin, ni l’expertise
Monaco et le Luxembourg ont signé l’an dernier un accord de partenariat sur l’innovation numérique, qui concerne particulièrement les établissements financiers…
Les données sont désormais la richesse de la Finance. Les établissements financiers doivent certifier une confidentialité forte. Le Luxembourg héberge des données sensibles, comme celles de l’OTAN, au sein de data centers hyper sécurisés. C’est un pays avec lequel nous avons des affinités : il est géographiquement restreint, c’est un Duché… Nous allons donc créer un jumeau numérique de data center monégasque au Luxembourg, avec des garanties d’immunité semblables à celles d’une ambassade. Les données sont doublées et stockées à Monaco et au Luxembourg. La France ne propose pas ce type d’accord. La Place financière bénéficiera de cette opportunité. Le niveau de confidentialité et sécurité est très haut et les établissements bancaires pourront, s’ils le souhaitent, stocker leurs données au Luxembourg. Par ce processus nous avons créé un double complet, évitant ainsi tous risques de pertes dues à des événements inattendus et même des catastrophes naturelles.
De manière plus générale, la Place financière monégasque va accompagner la transformation de l’économie du pays. Cette place financière de très haute qualité va créer beaucoup de valeurs et d’emplois pour la Principauté. Le gouvernement et moi-même serons toujours disponibles pour l’aider à grandir et être encore plus performant.