La crise du coronavirus est une catastrophe sans précédent pour l’humanité et un choc externe pour l’économie mondiale, d’une ampleur que les temps modernes n’avaient encore jamais connue. Si quelqu’un nous avait dit à l’aube de la nouvelle année que l’économie mondiale se verrouillerait pour contenir la propagation d’un virus originaire d’un marché d’animaux de la Chine centrale et que cela provoquerait la plus forte récession depuis les années 1940, nous n’en aurions probablement pas cru nos oreilles. Dans l’ensemble, nous considérons que la crise du coronavirus accélère les tendances structurelles déjà existantes plutôt que d’en créer des nouvelles. Nous avons procédé à un examen détaillé de l’économie, de la politique, de la mondialisation, de la société, des inégalités, du système médical et de la numérisation afin de déterminer comment la pandémie de la Covid-19 affecte ces secteurs.
L’économie mondiale a été complètement prise au dépourvu. La lutte contre la propagation de la Covid-19 a nécessité des mesures de relance exceptionnelles et a entraîné des coûts financiers conséquents dus à la perte de profits et de revenus du travail. La gestion de ces coûts façonnera l’économie pour les années à venir. Actuellement, ils sont absorbés en grande partie par le secteur public, autant que les budgets publics des pays touchés le permettent. Une fois que l’économie aura retrouvé un niveau proche de la période précédant la crise, la gestion de l’héritage d’un accroissement massif de la dette publique redessinera les paysages économiques nationaux.
Il est fort probable que la crise du coronavirus débouche sur un monde plus polarisé, dans lequel les gouvernements autoritaires resserreront leur emprise nationale. Cela dit, nos observations montrent qu’une lutte efficace contre la crise n’est pas une question d’approche autoritaire ou libertaire. Au contraire, il semblerait que la cohésion sociale et la confiance dans les institutions soient essentielles. D’un point de vue géopolitique, le virus et la quête d’un coupable pourraient devenir le prochain champ de bataille sur lequel les deux principales puissances mondiales, à savoir les États-Unis et la Chine, pourront s’affronter. Alors que nous entamons la prochaine décennie, ce monde multipolarisé s’étendra et restera source de surprises et de volatilité sur le marché.
La mondialisation sera surveillée de près, l’auto-suffisance et la relocalisation pouvant bien faire leur retour dans les programmes politiques. Les entreprises devront réévaluer leurs chaînes d’approvisionnement, ce qui est susceptible d’augmenter leurs coûts ainsi que leurs tarifs. Pour certaines d’entre elles, la relocalisation de la production pourrait être la meilleure réaction à un risque accru d’interruptions de la chaîne d’approvisionnement, et elles pourraient tirer profit des technologies telles que l’automatisation et les robots. Quelle que soit l’entreprise, la rendre plus solide se traduit par une diversification de la production à travers différentes régions géographiques plutôt que de la concentrer sur un seul site, ainsi que par un recours à un large éventail de fournisseurs ou une détention de stocks plus conséquents.
D’un point de vue social, nos vies ne vont pas tellement changer. Nous pourrons toujours nous divertir et nous fréquenterons à nouveau les bars, cafés et restaurants, les relations sociales étant essentielles à notre santé et à notre bien-être. Le télétravail sera plus répandu, mais il ne deviendra pas forcément la nouvelle normalité étant donné qu’il gomme les frontières entre la vie privée et la vie professionnelle. En conséquence, seuls quelques bureaux seront abandonnés et les villes retrouveront leur dynamisme, comme après chaque crise. Dans toutes les sociétés, la crise du coronavirus souligne, voire même aggrave les inégalités d’une façon inédite. Cependant, la crise offre également l’opportunité de se pencher sur cette problématique afin de remodeler les sociétés en améliorant leur cohésion et leur résilience. Réduire les inégalités est un point de départ, et non l’objectif final.
La pandémie a révélé au grand jour les lacunes criantes de nos systèmes de santé. Elle doit servir de sonnette d’alarme pour une transformation du système de santé sur le long terme, afin de le rendre plus résistant et plus efficace pour l’humanité. L’ampleur de la pandémie précipitera la transformation numérique du système de santé afin d’améliorer les soins offerts aux patients à mesure de l’augmentation de la demande en technologies numériques de santé, ce qui devrait augmenter les capacités des cliniques et des hôpitaux. Les progrès dans le domaine de la génomique permettront non seulement de comprendre la Covid-19, mais également de poser les fondements de traitements personnalisés pour de nombreuses autres maladies.
La tendance générale de numérisation était déjà bien établie avant la crise, mais sa vitesse a accéléré davantage. Les fournisseurs de solutions numériques dans les secteurs du divertissement et des paiements devraient continuer à profiter de cette tendance. Pour de nombreuses entreprises, la crise du coronavirus a nettement rapproché le délai du besoin de transformation numérique, une menace encore lointaine quelques temps plus tôt. Une présence en ligne efficace est plus importante que jamais. Un monde encore plus numérique et dans lequel nous produisons toujours plus de données n’offre pas uniquement des opportunités, il comprend également un risque croissant de cyberattaques dans les sphères privées, professionnelles et politiques.
La crise du coronavirus a suscité de nombreuses secousses sur les marchés financiers. Au plus fort de la crise, l’investissement durable a passé son baptême du feu, affichant une performance supérieure au reste du marché. Les entreprises qui se concentrent sur le développement durable adoptent souvent un modèle d’affaires plus résistant ou mènent leurs activités dans des régions qui ont été moins affectées par ces secousses de courte durée. La crise est certainement un élément déclencheur pour les investisseurs qui sont intéressés par les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance dans l’allocation de leurs actifs mais qui n’en tiennent pas encore compte dans leurs prises de décisions. En revanche, pour les personnes déjà investies, la crise a fourni des preuves et offert l’opportunité de renforcer ses positions tandis que le segment de l’investissement gagne en maturité et que davantage d’options deviennent disponibles.
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Même durant cette période sans précédent, Julius Baer a enregistré des résultats record au premier semestre 2020, ses profits augmentant de 43 % pour atteindre USD 523 millions. « Julius Baer doit ces résultats remarquables à trois facteurs », explique Albert Henriques, CEO de la Banque Julius Baer Monaco. « Notre concentration exclusive sur la gestion de fortune, qui nous permet de rester concentrés sur nos clients ; notre organisation résiliente, agile et flexible durant cette période difficile, aidée par une infrastructure fiable et une gestion des risques d’excellence ; et nos performances commerciales très solides dans tous les domaines, y compris notre capacité à tirer profit de la volatilité du marché. »
Le Groupe Julius Baer est présent dans plus de 20 pays et à Monaco, un de ses principaux sites où il profite d’une position de leader du marché. Comme le souligne M. Henriques, « la Principauté est un pays exceptionnel en termes de diversité, de géographie, de qualité et de solidité des institutions et de la structure gouvernementale. La taille du pays et sa concentration importante en grandes fortunes font de Monaco un marché clé pour Julius Baer. Nous sommes particulièrement fiers du développement de notre agence locale et de compter parmi les trois principales banques de la région. »
Par Carsten Menke, Head of Next Generation Research au sein de la Banque Julius Baer & Cie SA