Alors que la pandémie a encore marqué l’année 2021, Monaco tient le cap d’une gouvernance innovante, tout en protégeant les acteurs de la Finance et plus largement le dynamisme du tissu économique monégasque. Rencontre avec M. Jean CASTELLINI, Conseiller-Ministre du Département des Finances et de l’Économie.
En seconde année de pandémie, quelle a été la stratégie du Gouvernement pour préserver les entreprises ?
Le Gouvernement a mené une stratégie de relance et d’accompagnement, notamment grâce au dispositif phare de la C.A.R.E. qui vise particulièrement les acteurs du tissu économique monégasque fortement impactés par la crise internationale.
C’est également par le biais d’un plan de relance par l’investissement, au travers des différents Fonds (Bleu, Blanc, Vert et Rouge et Blanc) que l’Etat a œuvré pour soutenir durablement les acteurs économiques de la Principauté, et les ménages qui souhaitaient consommer de façon responsable et locale.
Le Fonds Bleu notamment, vise à favoriser la relance économique en accompagnant les entreprises de la place dans leur transition numérique, tout en soutenant la filière monégasque des services numériques.
Dans le cadre de l’opération « Revivez vos quartiers » par exemple, le Gouvernement Princier finance l’organisation d’animations dans les quartiers commerçants, qui sont réalisés par des prestataires locaux ; ce dispositif vertueux soutient à la fois le secteur évènementiel et le commerce de détail.
Dans le même esprit, l’opération des Bons cadeaux offerts via l’application Carlo, mise en place en fin d’année 2020, a permis de relancer la consommation locale, tout en créant une communauté d’acteurs dynamiques et solidaires. Si l’opération des bons cadeaux a pris fin en juin dernier, l’Etat poursuit son action en faveur des commerces et des restaurants en prenant en charge les frais de plateforme de l’application « Carlo » qui leur sont habituellement imputés, et ce, sur toute l’année 2021.
Parallèlement, le Gouvernement met aussi en place des mesures spécifiques pour répondre aux besoins, à plus court terme, des activités commerciales locales particulièrement touchées. Il s’est agi par exemple, de financer une partie du démontage des terrasses pendant la période des Grand Prix, de prendre en charge les frais d’occupation de la voie publique pour les commerces et les restaurants en collaboration avec la Mairie, ou de faire un apport en trésorerie pour les agences événementielles qui doivent sécuriser des réservations.
Par ailleurs, le Prêt Garanti par l’Etat a également vu certaines de ses dispositions être modifiées. En effet, au regard de la durée et de la dureté de la crise, il a été décidé qu’un report de la période de différé d’amortissement et qu’un allongement de la durée de remboursement pouvaient être demandés à la banque par une entreprise qui en ressentait le besoin. Dans certains cas, leur durée peut être portée à 84 mois dont 24 mois de différé d’amortissement.
Enfin, le Gouvernement princier, en concertation avec le Conseil National et les partenaires sociaux, a également poursuivi son engagement en faveur de l’emploi et le soutien aux employeurs, en décidant de prolonger le CTTR jusqu’au 30 septembre 2021 et de maintenir l’accompagnement à la reprise pendant la période estivale.
A travers ces différentes actions concrètes et transversales, le Gouvernement mène une politique pragmatique et solidaire, dont l’objectif est de préserver les entreprises monégasques qui contribuent habituellement au dynamisme du tissu économique de la Principauté et à son rayonnement international.
Depuis de nombreuses années, la Principauté a engagé une politique active dans le domaine de la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT). A la veille de l'évaluation MONEYVAL, quelle est la position de la Principauté ?
La Principauté de Monaco à travers le SICCFIN a élaboré la Stratégie Nationale des Risques qui permet précisément de connaître nos vulnérabilités et les risques en matière de LCB/FTC. Le secteur financier est concerné, mais aussi d’autres secteurs économiques comme l'immobilier, ou bien les jeux … Cette démarche a suscité la mobilisation, l'adhésion de tous les acteurs sous la coordination du SICCFIN qui nous permet d’engager un plan d'action, une stratégie nationale, pour réduire nos vulnérabilités.
Vous avez participé à une réunion de haut niveau organisée par la Coalition des Ministres des Finances pour l'Action Climatique en avril dernier. Comment lier la croissance économique à une économie bas carbone ?
La Principauté de Monaco est l’un des principaux centres européens, aux côtés de la Suisse et du Luxembourg, dans les activités de banque privée. S.A.S. le Prince, par Son engagement depuis des décennies en faveur d’un développement durable, est pour Son Pays un exemple que les acteurs bancaires et financiers, publics comme privés, se doivent aujourd’hui de suivre davantage.
En effet, dans une économie mondialisée, le succès des stratégies des entreprises, comme des investisseurs, est de plus en plus tributaire des critères de sélection « ESG » (Environnement, Social et Gouvernance) ou « ISR » (Investissement Socialement Responsable). L’intégration de ces facteurs à l’analyse et à l’investissement financiers, ainsi qu’à la gestion des risques, est de nature à améliorer le rendement, mais aussi à réduire les risques, notamment les risques systémiques, et constitue un facteur majeur de compétitivité à l’international.
Banquiers, gestionnaires de fonds, gérants privés comme clients institutionnels ont compris, pour eux-mêmes et pour leurs clients, l’intérêt d’intégrer une démarche « durable » dans leurs processus de décision. La prise en compte du développement durable dans les processus de gestion est donc à même de contribuer à réaliser des objectifs financiers d’une part, les objectifs majeurs visés par l’Accord de Paris sur le Climat et/ou les ODD des Nations Unies d’autre part.
Le Département des Finances et de l’Economie, en étroite coopération avec l’AMAF et des experts, pour certains basés à Monaco, entend faire de 2021 l’année du lancement de l’initiative « Monaco Finance Durable ». Un premier questionnaire, destiné à constituer un état des lieux et dont les résultats sont en cours d’analyse, a été rempli par les professionnels de la place, et a fait l’objet d’une présentation au groupe de travail. Il servira à établir une « feuille de route » dont professionnels comme investisseurs pourront s’inspirer à l’avenir.