Le Conseil National a été extrêmement actif et réactif dans le contexte de pandémie avec la création en son sein, dès avril, de la Commission Spéciale d’Analyse de la Crise COVID-19.
Les Comités Mixtes de suivi du COVID 19 ont donné lieu à de nombreux échanges avec le Gouvernement. Quelles avancées marquantes-et durables- ont-ils générés ?
En effet, l’Assemblée a dès le début de la crise agi comme relais des attentes et des besoins légitimes des Monégasques et des Résidents. Au mois de mars 2020, le Conseil National n’était pas pris en compte par l’ancien Ministre d’Etat, ce qui nous a valu un épisode de tension institutionnelle qui n’était pas de notre fait. Le Prince Souverain a tranché en instaurant un Comité Mixte de Suivi, dont la première réunion s’est tenue dès 30 mars, et qui a eu pour effet de pouvoir enfin travailler dans l’unité des institutions. L’union nationale nécessaire et indispensable pour parler d’une même voix face à cette crise, avait quant à elle déjà été faite au Conseil National, où nous travaillons toutes tendances confondues, majorité et minorités, pour formuler des propositions efficaces et concrètes. Dans la résolution du Conseil National votée à l’unanimité dès le 19 mars, figuraient déjà les grandes mesures que nous attendions. Quasiment toutes depuis ont été retenues, notamment sur le plan économique et sur le plan social. Dans tous les domaines, nous avons cherché à ce que Monaco soit un modèle de gestion de crise, et que la Principauté puisse se positionner au mieux pour être un modèle de relance.
Pour autant, sur le plan sanitaire, nous avons eu à regretter que le Gouvernement ne se donne pas toujours, et au bon moment, tous les moyens de cette ambition. Il a parfois manqué d’anticipation et il y a eu pénurie de masques puis retard sur les tests. En ce sens, il a fallu que le Conseil National joue son rôle d’aiguillon pour que le Gouvernement accélère devant l’urgence de la situation.
Nous avons par ailleurs obtenu la mise en place rapide du CCTR, des aides directes pour les travailleurs indépendants, les commerçants et les acteurs économiques impactés. Nous avons mobilisé tous les moyens du Conseil National pour nous mettre en phase avec l’urgence de la situation, en convoquant pas moins de 6 séances publiques en quelques semaines. Nous avons voté un premier budget rectificatif de crise dès le 21 avril, débloquant 350 millions d’euros, pour donner au Gouvernement tous les moyens nécessaires pour faire face à cette situation difficile.
Au moment de vous répondre, en cette rentrée de septembre 2020, les élus du Conseil National ont demandé que le dépistage au Covid-19 soit centralisé et que les moyens concernant les tests soient augmentés. Le Ministre d’Etat Pierre Dartout a entendu cette demande et un Centre National de Dépistage a ainsi vu le jour à l’Espace Leo Ferré, avec le concours de la Mairie et les moyens du Centre Hospitalier Princesse Grace.
Enfin, concernant le maintien des aides directes aux acteurs économiques impactés par la crise, nous estimons qu’il faut continuer de faire preuve de discernement et de dégressivité, pour continuer de soutenir les filières les plus durement touchées, aussi longtemps que nécessaire.
Le travail en distanciel a été une nécessité durant la période de confinement. Lorsque le risque COVID n’existera plus, êtes-vous globalement favorable à un encouragement du télétravail ?
La mise en place du télétravail était déjà une possibilité que j’avais faite aboutir en 2012 avec le vote d’une loi sur le télétravail, fruit d’une longue négociation avec les autorités françaises, puisque c’est la convention bilatérale de sécurité sociale qui devait alors être revue entre Monaco et la France. J’étais alors Conseiller-Ministre des Affaires Sociales et de la Santé. Le télétravail a connu un baptême du feu de crise à grande échelle, au niveau mondial, au moment du confinement. Son efficacité a largement fait ses preuves. Mais le passage d’environ un millier de télétravailleurs à plus de 10.000 en quelques jours, s’il a évidemment marqué une évolution indispensable pour poursuivre l’activité, a été beaucoup trop brutal. Elle a entraîné une baisse de la consommation quotidienne, notamment pour les commerces de bouche. Au sortir de cette crise, après avoir retrouvé une activité quasi-normale en présentiel, le télétravail va forcément se développer, mais il faut souhaiter que sa progression soit modérée et régulière, et suive la courbe d’augmentation du nombre de salariés.
Monaco s’est récemment dotée d’une législation relative aux offres de jetons (ICO/STO). Que pensez-vous de ce nouveau mode de financement pour les entreprises monégasques ?
Est-ce un bon moyen d’attirer des investisseurs ?
La loi n° 1.491 du 23 juin 2020 relative aux offres de jetons s’inscrit dans le prolongement des récentes réformes opérées en Principauté dans le domaine du numérique.
En légiférant sur ce nouveau mode de financement des entreprises, Monaco s’est doté d’un cadre sécurisé permettant que soient réalisées en Principauté des levées de fonds au moyen d’un dispositif d’enregistrement numérique sur un registre partagé, tel qu’une blockchain. Ces levées de fonds donnent lieu à l’émission de jetons, en contrepartie de la mise de fonds réalisée par les investisseurs.
Ce mode de financement alternatif aux méthodes traditionnelles et novateur, peut jouer un rôle essentiel pour des entreprises, notamment les start-ups et jeunes entrepreneurs du monde du numérique, mais aussi celui de la clean tech par exemple.
Ce cadre juridique a pour objectif d’attirer en Principauté aussi bien des investisseurs que des entrepreneurs. En effet, la loi prévoit que seule une personne morale immatriculée à Monaco peut réaliser une offre de jetons et que les fonds soient déposés dans un établissement financier monégasque.
Ces créations d’activités nouvelles auront pour conséquence des créations d’emplois et de l’activité économique supplémentaire, dans des domaines qui occupent peu d’espaces de bureaux, mais qui sont à très forte valeur ajoutée. L’objectif est de développer progressivement à Monaco un pan entier de l’économie, afin de se diversifier davantage.