La digitalisation de l’environnement de travail offre de nouvelles opportunités pour mieux concilier vie professionnelle et personnelle. En France, la Société Générale expérimente le télétravail depuis 2013. C’est donc en toute logique qu’elle fait figure de pionnière à Monaco, alors que la loi relative au télétravail, publiée en juillet 2016, prévoit sa possible mise en place, jusqu’aux deux tiers du temps de travail hebdomadaire du salarié, dès la conclusion ou durant l’exécution d’un contrat de travail monégasque.
Rencontre avec Thierry Garde, Directeur Général de Société Générale Private Banking Monaco.
La Société Générale, à la pointe de l’innovation sociale ?
Si nous sommes les premiers à appliquer le télétravail dans le secteur bancaire et financier en Principauté, c’est que nous sommes dans une tradition de modernité et d’innovation. La santé, le bien-être et plus largement la qualité de vie au travail de ses collaborateurs sont considérés par Société Générale comme un levier d’efficacité et de performance durable. Depuis 2013, le télétravail est une pratique répandue dans le groupe. Aujourd’hui, plus de 4000 collaborateurs en profitent, avec 91% de taux de satisfaction. Le télétravail permet d’agir sur les trois piliers du développement durable : le social, l’économie et l’environnement. Le fait de donner la possibilité aux salariés de travailler de chez eux se traduit par une diminution des trajets domicile-travail, et par là-même par une baisse des émissions de CO2.
Pratiquement, comment la mise en place du télétravail s’est-elle faite à Monaco ?
Nous avons tout d’abord lancé une enquête de satisfaction interne, qui nous a confirmé que nos salariés étaient favorables à un mode de travail différent. Nous avons travaillé sur les nouveaux équipements de nos collaborateurs : téléphones et ordinateurs portables, webcam. Nous avons installé les liaisons informatiques adéquates, et nous nous sommes assurés que nos salariés pouvaient accomplir chez eux leur travail dans de bonnes conditions.
Nous avons proposé le télétravail à des collaborateurs chargés essentiellement des fonctions supports : Relations Humaines, communication, juridique, crédits… Les services qui n’ont pas besoin de recevoir la clientèle ni d’effectuer d’opérations transactionnelles.
Cela concerne 10 départements, soit 15% des effectifs : 35 personnes en « vague 1 », une seconde vague étant prévue dans six mois, afin de tirer les enseignements de la première. Nous avons proposé un jour de télétravail par semaine sur la base du volontariat, et la possibilité d’interrompre le processus sur initiative du salarié, ou de la Direction.
Au niveau contractuel, cela génère des modifications ?
Je tiens à souligner à ce propos la grande aide apportée par Mme Sophie Vincent, Directeur Adjoint du Travail et Chef du service de l’Emploi. Nous avons bénéficié de ses précieux conseils sur les contraintes techniques, aussi bien sur la transportabilité du poste de travail, que sur les modifications du contrat de travail.
En effet, le démarrage de l’activité de télétravail est d’abord un accord direct entre un employeur et un salarié, matérialisé par un contrat individuel. Si, en cas d’embauche, les conditions d’exécution du télétravail sont stipulées par écrit dans le corps du contrat de travail, en cas d’instauration en cours d’exécution du contrat de travail, celles-ci font l’objet d’un avenant écrit au contrat de travail.
Une première analyse après la mise en place ?
Le télétravail a été adopté en fonction des services, de la confiance en nos collaborateurs et de leur capacité à travailler de façon autonome. Il n’y a aujourd’hui que des effets bénéfiques, pour l’employeur et l’employé. Nous n’avons connu aucun bug informatique, les réunions internes, effectuées désormais en video-conférences se sont très bien déroulées, les mesures de confidentialité sont respectées. Les horaires sont les mêmes que sur le lieu de travail. Tous les collaborateurs à qui nous avons proposé cette mesure ont accepté, et le taux de satisfaction est de 100%. Nous avons le sentiment que cela renforce l’engagement de nos collaborateurs. Nous nous donnons un semestre d’observation, pour élargir cette mesure à 25% de l’effectif.