Gordon S. Blair est presque une institution à Monaco. Sous la présidence de Xavier de Sarrau, ce cabinet spécialisé dans le conseil juridique et fiscal, intervient auprès d’une clientèle très internationale. Il est également présent à Genève. Rencontre avec son CEO, Gilbert Delacour.
Depuis quand Gordon S. Blair est-il installé à Monaco ?
Depuis 1920, soit 95 ans. Ce qui nous confère presque un caractère institutionnel ! Nous y exerçons le conseil juridique et fiscal pour les personnes privées (« Private client ») et pour les entreprises (« Corporate Services »). Nous mettons en œuvre des solutions sur mesure pour sécuriser les affaires, ou le patrimoine, de nos clients.
Votre typologie de clientèle ?
Lorsque Gordon S. Blair s’est installé à Monaco, sa clientèle était essentiellement britannique. Puis le fondateur a pris sa retraite, cédant son cabinet à Ernst&Young qui, en dix ans, a ouvert les pratiques du cabinet, et le spectre de clientèle. Nous sommes aujourd’hui un cabinet totalement indépendant et nos clients viennent de tous les pays d’Europe, avec toujours une forte proportion de britanniques, mais également de suisses et de scandinaves, d’Asie, des Etats-Unis ... Nous travaillons sur des problématiques fiscales françaises, notamment en matière d’ISF (Impôt de Solidarité sur la Fortune), mais essentiellement pour des non-résidents qui ont simplement investi dans ce pays.
Et bien sûr, un grand nombre de clients particuliers résidant à Monaco, que nous accompagnons dans tous les aspects liés à leur patrimoine, qu’il s’agisse de structuration, d’opérations immobilières ou de gestion successorale. De plus en plus, ces résidents continuent à s’investir et à gérer leurs affaires depuis Monaco et nous les aidons à s’organiser aux plans juridique et réglementaire.
Donc, une forte proportion de clientèle privée ?
La clientèle privée, c’est notre ADN. Les relations personnelles que l'on construit avec les clients privés sont très enrichissantes, il y a de belles histoires de famille, qu’il faut assimiler. Puis, on passe du stade empathique à l’opérationnel : la mise en place de solutions qui répondent à leurs attentes, au niveau personnel et financier.
De manière opportune, nous nous sommes déployés également sur le marché des entreprises.
Dans ce domaine, nous pouvons citer la banque suisse UBP, que nous avons accompagnée dans son installation en Principauté et dans la reprise des activités de Lloyds Bank en 2014 et de Coutts aujourd’hui. Ou encore notre participation à la restructuration de Borgwarner.
Nous sommes également les correspondants privilégiés de grands cabinets d’avocats et de conseil internationaux, pour la partie monégasque d’un certain nombre d’opérations.
Aujourd’hui, clientèle privée et clientèle d’entreprises s’équilibrent assez bien.
Vous recherchez vos clients à l’étranger ?
Nous sommes heureux de représenter Monaco à l’étranger et avons pris de nombreuses initiatives dans ce sens, toujours en liaison avec les autorités. Ainsi, au cours de ces deux dernières années, nous avons organisé des petits déjeuners en Suisse, au Royaume Uni et au Luxembourg, avec des cabinets, des banques, des institutionnels, pour mieux faire connaitre la Principauté. La Principauté s’est dotée d’un véritable écosystème vertueux, avec des banques de premier niveau, des sociétés de gestion, des cabinets d’audit et de conseil de qualité, bref une offre de services financiers et professionnels à la hauteur des attentes de clients internationaux sophistiqués. Avec, qui plus est, une proximité de services unique et une grande disponibilité de la part des autorités.
La création des « Rendez-Vous Gordon S.Blair » participe aussi de nos actions de promotion à Monaco. Nous avions la volonté d’être davantage présents auprès de nos clients, de nos prescripteurs, et des institutions. Il s’agit de rencontres périodiques, destinées à échanger sur des cas pratiques, plutôt que sur la théorie. A partir d’une expérience ou de tel ou tel aspect d’une réglementation, on ouvre un débat opérationnel. C’est une initiative qui correspond parfaitement à ce qu’un cabinet comme le notre peut offrir, simplement et avec un investissement à la juste mesure de nos moyens.
Le profil de vos collaborateurs doit donc s’adapter à deux types de marché ?
Notre équipe comporte 25 personnes, et couvre diverses expertises : droit des affaires, droit privé, réglementation bancaire, droit social, fiscalité, droit immobilier, etc. Nos collaborateurs ont tous un profil international, et ils ont travaillé dans d’autres juridictions. J’aime à dire que nous sommes des praticiens s’appuyant sur une, voire deux expertises. En dehors de nos propres services, nous disposons d’un important réseau que nous sollicitons : avocats, fiscalistes, gérants de fortune, prestataires de services administratifs ou fiduciaires, notamment dans les juridictions avec une forte tradition de gestion patrimoniale privée, telle que la Suisse, le Luxembourg, les iles anglo-normandes, etc.
Comment imaginez-vous le futur de Gordon S. Blair ?
Nous souhaitons nous inscrire comme un acteur incontournable du droit et de la fiscalité à Monaco, et profiter de la dynamique d’attractivité de la Principauté. Nous sommes confiants dans l’avenir de notre marché, tout en étant conscients de la nécessité de devoir s’y adapter de manière optimale, en ayant les bonnes ressources, au bon moment. Il faut anticiper en matière de recrutement et de formation pour pouvoir saisir les opportunités qui se présentent. Notre ambition est de devenir un cabinet référent sur les problématiques familiales et patrimoniales, tout en conservant une taille modeste.
Que pensez-vous des orientations prises par Monaco en matière de transparence ?
Nous n’avons aucun problème avec l’orientation prise par les autorités de la Principauté. Le fait que Monaco soit sur la liste blanche des pays qui mènent une politique fiscale conforme aux critères de l’OCDE est une bonne chose. Certes, cela génère de nouvelles contraintes, notamment en matière de compliance. Mais c’est aussi l’occasion de porter un nouveau regard sur les activités patrimoniales et de définir de nouveaux critères de gestion. Ces nouvelles contraintes, ces nouveaux critères, nous imposent de mettre en place des solutions plus sophistiquées. L’imagination et la sécurité, n’est-ce pas ce que le client attend de son conseiller juridique et fiscal ?