La transition vers une économie peu intensive en carbone crée de nouveaux marchés pour l’énergie propre, l’agriculture durable et d’autres technologies respectueuses de l’environnement. Quels sont les facteurs qui alimentent la montée en puissance de l’investissement climatique et comment les investisseurs peuvent-ils avoir un impact tout en récoltant des bénéfices financiers ?
Avec une demande de plus en plus forte de bornes de recharge pour les véhicules électriques, de panneaux solaires et d’alternatives à la viande, le comportement des consommateurs semble indiquer que la réinvention de nos systèmes énergétiques et alimentaires est déjà bien entamée. Mais l’évolution des habitudes de consommation n’est que l’un des nombreux facteurs annonçant une véritable révolution dans le mode de fonctionnement de notre économie. « La baisse des coûts de production des énergies renouvelables est un autre facteur important, » explique Samantha Avizou-Durante, Executive Director et ambassadrice de Julius Baer pour le développement durable. « Aujourd’hui, elles sont à peu près au même prix, voire moins chères que le pétrole et le gaz. Il n’y a donc aucune raison de payer plus cher pour produire de l’énergie renouvelable. »
Les incitations et les réglementations des pouvoirs publics créent des conditions favorables à l’investissement pour le climat
Enoutre, les incitations et les réglementations gouvernementales créent des conditions favorables à l’investissement pour le climat. Les États-Unis ont tendance à privilégier les incitations pour soutenir les infrastructures des technologies propres et des nouvelles technologies climatiques. De l’autre côté de l’Atlantique, les Européens optent plutôt pour une approche réglementaire. Dans le cadre du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières, par exemple, les entreprises implantées dans l’UE devront respecter les mêmes normes en matière d’émissions de carbone pour les sites de production situés en dehors de l’Europe que si les marchandises étaient produites dans l’UE. Ces réglementations ne plaisent pas toujours, mais elles obligent les institutions financières et les fonds du marché privé à fournir des rapports plus transparents en matière d’impact sur l’environnement.
« Quant à Monaco, le Plan Énergie Climat de la Principauté comprend des mesures techniques, réglementaires, financières et des campagnes de sensibilisation. L’objectif de ce programme est de lutter contre le changement climatique et d’adapter le territoire à ces changements, avec une approche qui repose sur le développement durable. Monaco agit également contre le réchauffement climatique en s’engageant à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 80 % à l’horizon 2050, avec un objectif intermédiaire de réduction des émissions de 50 % d’ici à 2030 par rapport à 1990, » détaille Samantha.
Développer de nouvelles technologies tout au long de la chaîne de valeur
Ces conditions favorables ont non seulement conduit à une hausse des investissements dans la production d’énergies renouvelables, mais également contribué à créer un écosystème complet autour de l’investissement climatique, en particulier aux États-Unis et en Europe. Pour autant, la recherche et le développement de nouvelles technologies pour la protection du climat ne se limitent pas aux sources d’énergie renouvelables. Si l’on veut gagner le pari de la transition écologique, il faut investir davantage dans les technologies susceptibles de transformer nos infrastructures existantes. Par exemple, dans de nombreux pays, les réseaux électriques doivent être radicalement modernisés pour pouvoir gérer l’augmentation de la production d’énergie renouvelable. Pour ce faire, il est possible d’utiliser des logiciels qui gèrent les systèmes électriques décentralisés et permettent d’équilibrer l’offre et la demande.
Utiliser la technologie pour protéger la nature
Avec l’augmentation de la population mondiale et le risque d’une raréfaction des terres agricoles due au changement climatique, il faut trouver de nouveaux moyens de produire des aliments pour nourrir la planète. L’agriculture verticale, les engrais nouvelle génération et les technologies de récolte de précision automatisées joueront un rôle clé dans la transition vers une production alimentaire plus durable.
Aider les entreprises innovantes à se développer en investissant sur le marché privé
Plus de 82 milliards d’USD ont été levés sur les marchés privés pour financer des solutions au changement climatique en 2022, soit environ un tiers de l’ensemble des investissements en capital-risque réalisés cette année-là. Les investissements sur les marchés privés jouent un rôle crucial dans l’essor de ces nouvelles technologies, car ils permettent d’obtenir des financements au stade initial et des financements pour la croissance, que l’on n’obtiendrait pas sur les marchés publics. Grâce aux marchés privés, il est possible d’investir directement dans de jeunes sociétés qui ne sont pas encore cotées en Bourse. Les investisseurs aident ainsi les sociétés innovantes à se développer en leur apportant des capitaux que les banques ne peuvent leur fournir.
L’implication va au-delà du financement. Les investisseurs en fonds de private equity permettent également aux entreprises d’avoir accès à l’expertise et au savoir-faire des gestionnaires de fonds spécialisés, qui accompagnent généralement ces sociétés pendant une période d’environ cinq à huit ans. Les investisseurs ont ainsi davantage de contrôle sur l’entreprise qu’ils n’en auraient via les marchés publics.
Diversifier son portefeuille en termes de rendement et d’impact
Comme pour toute stratégie d’investissement, la diversification est un facteur important pour optimiser les rendements.
« L’investissement climatique est une catégorie très large. Il faut donc s’exposer à une vaste panoplie de technologies, car certaines se développeront plus que d’autres. Les jeunes entreprises peuvent présenter un risque plus élevé, mais elles peuvent aussi offrir un plus grand potentiel.
Autre point important : la diversification du portefeuille en termes d’impact. Le processus de sélection doit tenir compte aussi bien des aspects commerciaux que de l’impact. Si l’on n’investit que dans un certain type de technologie de batterie, par exemple, on se limite à un domaine très étroit. D’autres technologies pourraient voir le jour, remplacer ce type de batterie et le rendre obsolète.
Le choix du fonds joue donc un rôle déterminant. Beaucoup de gestionnaires de fonds prétendent faire de l’investissement climatique, c’est pourquoi il est capital de pouvoir compter sur une équipe qui scrute le marché, procède à une obligation de diligence et différencie les investissements prometteurs de ceux qui le sont moins, à la fois en termes de rendement et d’impact.
Perspectives d’avenir – créer un changement durable
À l’heure où les solutions climatiques intéressent de plus en plus d’investisseurs et où le nombre de fonds lancés augmente chaque mois, l’univers des entreprises spécialisées dans les technologies climatiques est logiquement appelé à se développer dans les années à venir. L’essor actuel de l’investissement climatique revêt de multiples facettes. Beaucoup de nouvelles technologies fonctionnent déjà très bien. Tout comme le changement climatique, l’investissement climatique n’est pas un concept théorique, c’est quelque chose que nous vivons déjà.