Délégué Interministériel chargé de la transition numérique de la Principauté de Monaco, Frédéric GENTA transforme le pays en une Smart-City extrêmement performante. La digitalisation est aujourd’hui un outil majeur de l’attractivité monégasque.
Monaco dispose de son Cloud Souverain. Comment faire de l'utilisation optimale du Cloud un facteur d'attractivité pour Monaco ?
Le Cloud Souverain est aujourd’hui un enjeu stratégique majeur pour l’économie et la souveraineté d’un État, ce besoin ayant été amplifié par la crise de la COVID. Beaucoup d’États annoncent des projets de Cloud Souverain mais à Monaco c’est une réalité concrète qui arrive à un moment critique, la phase de relance post-Covid.
Le Cloud Souverain présente trois avantages pour nos entreprises. Tout d’abord il permet d’accéder aux logiciels et outils informatiques les plus modernes. Qu’il s’agisse par exemple de solutions de ressources humaines, de comptabilité et même de l’intelligence artificielle, le Cloud est nécessaire. Le Cloud, en disposant de moyens et d’expertise supérieurs à chaque entreprise individuelle, permet d’obtenir un niveau de sécurité très élevé. Enfin la mutualisation des structures et des capacités permet de diminuer le cout de l’informatique et le besoin d’espace.
En quoi la transition numérique est-elle un levier essentiel du développement économique monégasque ?
Nous vivons une révolution industrielle comme il en arrive tous les cent ans. C’est une transformation profonde qui impacte les mécanismes de création de valeur, la vie professionnelle et même personnelle. Aujourd’hui à elle seule, l’entreprise Amazon est valorisée plus que l’ensemble du CAC 40. Monaco doit bénéficier de cette économie d’aujourd’hui qui génère beaucoup de valeur ajoutée avec peu d’espace consommé.
Pour le secteur de la finance, le numérique permet de mieux investir, mieux traiter ses clients et diminuer ses coûts. Grâce au stockage de données et à la puissance de calcul numérique, les banques peuvent mieux définir leur stratégie de prêt, mieux investir et prédire les rendements et mieux anticiper les besoins de leurs clients. De plus l’intelligence artificielle permet, en support des équipes dédiées, une meilleure prise en compte des KYC, de la compliance et de la fraude.
Quel est le plan du Gouvernement Princier pour permettre à nos entreprises de bénéficier de cette révolution économique ?
La transformation numérique aujourd’hui n’est pas une question d’informatique mais de transformation profonde du pays. Elle concerne l’ensemble des secteurs : De la TPE au secteur bancaire, du secteur médical à l’immobilier, et des commerçants au société de service, tous œuvrent à cette transformation majeure de l’attractivité de Monaco.
Notre plan de relance et d’investissement par le numérique repose sur deux leviers :
Le premier mécanisme fondamental de ce plan est la formation. L’enjeu est critique. Dans le monde post-Covid, 50% des métiers actuels auront disparu dans 10 ans. Certaines compétences durent 2 ans contre 30 auparavant, il est donc nécessaire de se former très régulièrement. Avec l’aide du MEB (Monaco Economic Board) et de la FEDEM (Fédération des Entreprises Monégasques), nous avons formé, en moins d’un an, plus de 2 000 salariés au numérique. Ce sont également 500 salariés qui se forment chaque semaine via les cursus en ligne mis en place sur la plateforme Extended Monaco pour l’entreprise. Vous l’aurez compris c’est un enjeu autant social qu’économique.
Le second mécanisme est le fonds bleu, pour inciter et soutenir financièrement nos entreprises dans leur transformation numérique. Après 10 mois d’existence, les résultats sont plus que positifs. Les 300 entreprises ayant déjà bénéficié du fonds bleu vont créer plus de 250 emplois. Et surtout pour chaque euro de fonds bleu investi, les entreprises projettent 8 euros de chiffres d’affaires supplémentaires. Autre effet bénéfique pour notre économie, plus de 85% des projets sont confiés à des entreprises numériques monégasques.