En tant que Chief Market Strategist, Julien Lafargue est responsable des perspectives d'investissement au sein de Barclays Private Bank. Avant cela, Julien Lafargue était Head of Equity Strategy pour Advisory Business chez Barclays Private Bank, qu'il a rejoint en janvier 2019. Auparavant, il a passé 11 ans chez J.P. Morgan Private Bank en tant qu’Equity Strategist pour la région EMEA.
Quelle est votre vue globale de la macro-économie en 2024 ?
Si nous devons la résumer de façon très succincte : une croissance en baisse, une inflation en baisse et des taux en baisse ! Après une année surprenante en termes de croissance notamment aux USA, nous attendons une modération, sans effondrement, de la croissance globale. Nous nous attendons également à ce que l’inflation soit quant à elle proche des objectifs cibles des banques centrales au Royaume Uni, en Europe et aux USA.
Les banques centrales vont donc baisser les taux ?
Nous sommes de cet avis parce que la croissance déçoit, elle ralentit, mais l’inflation aussi. Nous devrions donc rentrer dans un processus de normalisation.
Deux exceptions à la règle néanmoins, avec une dynamique un peu différente comparée au reste du monde : l’Inde, dont la croissance dépassant les 6% en 2023 devrait être aussi performante en 2024. La Chine, où l’on attend une reprise de l’inflation alors que le pays est en déflation aujourd’hui.
Comment cette vision du monde influence-t-elle l’investissement ?
En 2023, avec la remontée des taux des banques centrales, nous nous sommes positionnés sur le rendement obligataire, et nous avons sécurisé ce rendement. Désormais nous devons nous positionner dans un environnement de baisse des taux. Nous nous focalisons donc sur des obligations à maturité plus longue. Au niveau des actions, nous mettons l’accent sur des secteurs un peu plus défensifs.
D’un point de vue crédit, nous nous focalisons sur des entreprises de bonne qualité, car un ralentissement de croissance et le besoin de refinancement pourrait peser sur certaines sociétés plus endettées.
Du côté actions, nous investissons dans des sociétés à ADN prononcé ayant fait preuve, par le passé, de leur capacité à générer des profits, quel que soit l’environnement macroéconomique car elles proposent des produits ou des services à haute valeur ajoutée. Des entreprises présentant un bilan sain, une équipe managériale performante.
2023 a été dominé par les Sept Magnifiques (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft Nvidia et Tesla), responsables de 60% de la performance du SNP500 aux USA. Mais en dehors de ce peloton de tête, il ne faut pas oublier que 142 entreprises sur 500 ont sur-performé. Nous pensons qu’en 2024, beaucoup d’opportunités d’investissement se présenteront sur ce type de société.
Un mot sur l’immobilier en Europe ?
En 2023, la résilience du marché au niveau des prix a surpris, alors que le nombre de transactions s’effondrait. Si les taux baissent, cela redonnera un souffle d’énergie à ce marché, l’environnement sera favorable en 2024 à deux niveaux :
- Rapidement, pour les investisseurs qui disposent de capital à déployer
- Dans quelques mois, pour des acquéreurs qui bénéficieront de la baisse des taux.
Cette classe d’actif est intéressante.
En conclusion ?
L’environnement géopolitique est très incertain...c’est pourquoi notre approche intègre la diversification des portefeuilles, du côté obligataire ou du côté des actions. Le Private Equity, le marché des dettes tangibles, de l’immobilier, sont également très importants. Nous sommes d’avis que le portefeuille devrait être construit de manière optimale, avec une vision holistique, afin de contrebalancer les risques.