Fondateur et CEO de la Cogemat et de l’Entreprise Monégasque de Travaux, il est aussi le Président de la Fédération des Entreprises Monégasques (FEDEM) qui compte 2 800 entreprises membres. Il évoque l’avenir de Monaco et de sa croissance économique « pour laisser aux générations futures un État prospère et fort ».
La FEDEM, défenseur des entreprises monégasques ?
La FEDEM s'y attelle activement depuis plus de 70 ans : en les représentant auprès du Gouvernement, en donnant un avis circonstancié sur les projets et propositions de loi qui engagent l’avenir du Pays, de ses 2 000 entreprises et de leurs 52 000 salariés. Force de proposition et d'anticipation dans le domaine social, elle participe aussi à l’optimisation de nombreuses dispositions légales, pour que l'évolution du droit du travail tienne compte des besoins des entreprises, notamment en matière de restructuration où des décisions récentes ont restreint la liberté d'entreprendre et de réorganiser l'entreprise, droit fondamental de l'employeur pourtant inscrit dans la loi. La FEDEM s'investit également dans des dossiers économiques majeurs comme l’aménagement du territoire, pour adapter les infrastructures au développement économique, et dans les problématiques liées au logement des actifs et aux transports. À Monaco, la cherté des loyers, le manque de fiabilité de la SNCF et la congestion des infrastructures routières, inadaptées à une population de salariés en constante progression, perturbent l’acheminement des personnes, marchandises et matières premières. Enfin, la FEDEM s'attache à mieux faire connaître et expliquer l'entreprise, pour montrer qu'elle est un lieu de travail individuel et collectif, de développement humain, de cohésion sociale et de transmission des connaissances. Pour poursuivre son action, elle peut compter sur ses 27 syndicats patronaux affiliés et sur la centaine d'entreprises associées à titre individuel, soit près de 2 800 entreprises membres qui lui font confiance pour les défendre et faire entendre leur voix.
Monaco, terre d’innovation ?
Pour ne donner que quelques exemples, savez-vous qu’à Monaco on fabrique des spectrophotomètres, des équipements pour des voitures haut de gamme, des machines à café professionnelles notamment vendues en Asie, de la maille pour des grands noms de la Haute Couture ? Le dernier numéro de notre journal, Monaco Business News, l’a montré : Monaco est non seulement un centre d’affaires et de production reconnu, mais aussi un centre d’intelligence et une terre d’innovation. De la high tech à la conquête orbitale avec le lancement de son premier satellite, en passant par l’ingénierie pétrolière ou la cosmétique, certains fleurons de l’économie monégasque ont acquis une renommée internationale et sont des leaders dans leur domaine : c’est le cas de la SBM Offshore, premier employeur privé de la Principauté avec environ 900 salariés, qui conçoit des structures flottantes d’extraction du pétrole et du gaz à de très grandes profondeurs, et dont 50 % de la recherche est effectuée à Monaco. Ou encore des laboratoires Asepta, fabriquant de produits dermo-cosmétiques avec des marques internationalement connues comme AKILEINE et ECRINAL. Les entreprises du secteur des nouvelles technologies et du numérique ont également le vent en poupe et devraient prendre une importance croissante dans l’économie monégasque.
En quoi cette modernité s’inscrit dans votre action et vos projets ?
Par notre nom même. Pour incarner cette modernité, en mai 2014, la Fédération Patronale Monégasque (FPM) est devenue la Fédération des Entreprises Monégasques (FEDEM). Notre monde change, le monde de l’entreprise aussi. Si en 1945, année de création de la FPM, le terme "patronat" traduisait une vision d'autorité adaptée au contexte historique et socio-économique de l’époque, il n’est aujourd'hui plus représentatif de l’entreprise moderne qui a su s’adapter aux nouveaux défis imposés par la mondialisation économique et la révolution numérique. En phase avec cette nouvelle réalité, pour mieux accompagner les entreprises dans leur évolution, leur fournir des services, notamment juridiques, toujours plus proches de leurs besoins, la Fédération a changé de nom. Une volonté d'évoluer avec son temps qui se retrouve dans ses projets, avec notamment la création d'une Caisse de Retraite Complémentaire Monégasque initiée par la FEDEM et l'USM dans l'intérêt collectif des salariés, des entreprises et des retraités, face à la mauvaise santé économique du régime français et aux différences croissantes des conditions d'obtention des retraites. L'accord de principe entre les partenaires sociaux a été conclu fin 2013. La FEDEM et l'USM ont rencontré les commissions paritaires françaises pour discuter des modalités de sortie du régime français. Nous attendons maintenant que l'AGIRC et l'ARRCO nous transmettent l'étude actuarielle dont dépendra la suite des négociations.
Vous avez choisi les mots « Audace et Excellence » pour définir l’entreprenariat monégasque…
L’audace parce que sans elle, rien n’est possible. Mais aussi parce que ce terme est en phase avec l'audace de créer et d’entreprendre qui caractérise Monaco et ses entreprises. Etre audacieux, c'est oser prendre des risques dans un contexte incertain. C'est savoir s'ouvrir et négocier avec l'UE tout en restant vigilants quant à la préservation des spécificités qui font la force de notre modèle économique et social. C’est imaginer des solutions innovantes pour continuer d’attirer les meilleures compétences, dans des métiers traditionnels mais aussi nouveaux, et savoir les garder. C’est aussi défendre les entreprises pour qu’elles ne soient pas asphyxiées par un cadre législatif et réglementaire trop complexe et rigide. L’audace nous permet d’atteindre l’excellence. Depuis plus de 150 ans, Monaco jouit d'une réputation internationale d'excellence. Par sa stabilité politique, sa situation géographique, son niveau de sécurité, mais surtout pour son savoir-faire très haut de gamme dans de nombreux domaines. Pour laisser aux générations futures un État prospère et fort, Monaco doit poursuivre dans cette voie en se réinventant sans cesse pour s'adapter aux mutations économiques et en impulsant avec pragmatisme et équité les réformes structurelles vitales pour l’avenir.
Qu’espérez-vous pour les 25 prochaines années en Principauté ?
Comme le disait Albert Camus : "La vraie générosité envers l'avenir consiste à tout donner au présent". C’est aujourd’hui qu’il faut inventer le futur. J'espère que dans les années à venir, la Principauté restera un îlot de paix et de prospérité, qu'elle restera attractive pour les investisseurs et les salariés. Dans cette économie de l'intelligence qui est la nôtre, l'avenir de Monaco dépendra de plus en plus du développement d’activités de pointe à forte valeur ajoutée, générant de la TVA si nécessaire au budget de l'Etat. Il dépendra aussi de notre capacité à nous interroger sur ce que l’on veut pour le Monaco de demain. Souhaite-t-on conserver une économie diversifiée ou la tertiariser davantage ? Souhaite-t-on garder la Principauté d’antan ou s’engager pour un futur capable de créer des emplois pour accueillir en 2050 les 125 000 salariés indispensables à la sauvegarde de notre régime de retraite ?