Le fondateur du fonds Knight Vinke Asset Management est installé à Monaco depuis quinze ans. Eric Knight se définit comme le gérant d’un fonds activiste, et il l’est, à tous les sens du terme.
Sa dernière victoire : être la pièce maîtresse du mariage des deux enseignes FNAC-DARTY, dont Knight Vinke est l’un des principaux actionnaires. Plus anciennement, il est un des acteurs principaux du regroupement en une seule structure du Néerlandais Royal Dutch et du Britannique Shell : une performance. En 2012, il contribue au départ de l’ancien patron de Carrefour, Lars Olofsson, alors que le titre est en grande difficulté boursière… Il ne s’agit que de quelques exemples de sa formidable activité.
Suisse d’origine italienne, diplômé d’un Master d’Economie de Cambridge et d’un Master en Management du MIT, il crée en 2003 le fonds d’investissement Knight Vinke Asset Management, spécialisé en gestion institutionnelle avec une expertise particulière dans l’énergie et les services financiers. Le constat est clair : « Les grands institutionnels gèrent les actifs de manière passive, en suivant un certain nombre d’indices. Ils opèrent en statisticiens plutôt qu’en analystes financiers et acceptent la performance telle qu’elle est ». Lorsque les taux d’intérêts sont proches de zéro, alors que l’endettement croissant des Etats affecte leurs titres, où chercher la performance ? Les marchés émergents ? Les placements « exotiques », comme les voitures de collection, les pierres précieuses de couleur ou les œuvres d’Art contemporaines ? Pour Eric Knight, les actions des sociétés « large cap » restent incontournables au sein de tout portefeuille visant la préservation du capital et la création de valeur à long terme, mais avec une importante nuance : il faut investir avec l’optique d’un propriétaire . « La philosophie de gouvernance, c’est le seul vrai investissement. »
Knight Vinke a développé une approche unique : un investissement activiste basé sur la qualité et la profondeur des analyses financières et stratégiques, et la volonté de s’engager de manière constructive avec le Conseil d’administration et le Management aux côtés des gouvernements, des régulateurs, des créanciers et parfois même des syndicats pour arriver à une solution consensuelle avec une large panoplie des acteurs-clés.
D’abord, repérer les sociétés sous-évaluées. Puis, en modifier la gouvernance au vrai sens du mot.
« Dans un modèle classique, le Conseil d’Administration a souvent peu de poids sur le Management, car la quantité et la complexité des informations qu’il doit maitriser – pensez aux rapports annuels des grandes banques qui dépassent les 1’000 pages -- demande un niveau d’engagement et d’expertise que peu d’Administrateurs sont réellement en mesure de fournir. Il faut modifier le modèle Actionnaires/Conseil d’Administration/Management, en introduisant d’autres acteurs tels que les régulateurs, le gouvernement, les relais d’opinion. Créer un débat, faire du lobbying : c’est le moyen d’augmenter la performance. » En 2003, ses premiers pas en Californie, avec le California Public Employees Retirement System, une des plus importantes caisses de retraites au monde, comme partenaire permet d’affiner le modèle. Dix ans plus tard, Eric Knight rachète les parts que CalPERS détient dans son fonds et continue tout seul. Depuis plus de douze ans, la création de valeur et les performances de gestion de son fonds sont largement au- dessus de la moyenne du marché.
Ce nouveau modèle, complémentaire à l’activité du gérant traditionnel, est apprécié par les fonds souverains. Mais si Knight Vinke Institutional Partners (KVIP), spécialiste de l’investissement pour les grands institutionnels européens, est le porte-drapeau de la société, Eric Knight travaille sur deux développements : « L’allocation des assets, pour les grands institutionnels, se fait au niveau global, l’argent doit être investi à 100 % à tout moment ; on prend de plein fouet toute la volatilité du marché. Avec une clientèle privée, on a plus de liberté ». D’où la création de GVF, Global Value Fund, lancé en septembre dernier, ayant pour cibles les particuliers à très hauts revenus et les Family Offices. Il propose aux investisseurs l’accès quotidien à leurs liquidités et un niveau de souscription bien plus accessible que sur KVIP en échange contre le droit de garder une partie du portefeuille en cash lorsque les conditions de marché semblent peu attrayantes .
Eric Knight pense aussi à un fonds pour les co-investisseurs, grands institutionnels, fonds souverains et les family office les plus sophistiqués, où il serait possible d’investir des sommes plus importantes sur un seul titre. Tout récemment, il vient de récolter plus de 400 millions d’euros destinés à être investis sur une seule valeur -- à côté de la position déjà prise au sein du portefeuille GVF.
Cet activiste a aussi une société à Zurich, une à Londres, mais apprécie particulièrement la Principauté : « A Monaco, j’ai la possibilité de penser de façon indépendante. J’aime ce pays, au cœur de l’Europe, on s’envole le matin pour Londres, on est de retour pour dîner. C’est le lieu idéal pour les Family Offices ou les Gestionnaires de Fonds. Le développement des activités financières peut être l’avenir de Monaco ».