L’ACI Monaco, « The Financial Market Association » organise annuellement un colloque sur un sujet d’actualité. En juin dernier, elle accueillait le Professeur Christian GOLLIER, économiste belge, à l'origine de Toulouse School of Economics avec Jean Tirole (Prix Nobel) en 2007,et spécialiste de l’économie de l’environnement. Rencontre avec Robert LAURE, le Président de l’association.
Comment choisissez-vous les thèmes de vos colloques ?
Toujours ancrés dans l’actualité. Il y a quelques années, nous avions choisi le thème du Brexit. L’an dernier nous souhaitions traiter de l’aspect de la conformité en matière d’Investissement Socialement Responsable, le colloque n’a malheureusement pas pu se faire. Puis nous avons eu le privilège de pouvoir rencontrer Christian GOLLIER, qui nous a renouvelé son accord pour animer « Investir pour le climat de demain ! »
C’est une grande fierté pour nous de le recevoir surtout dans le contexte actuel où l’on a vu se déployer depuis un an toute une communication au sujet de l’impact du climat sur l’activité.
Est-ce un vrai sujet, ou juste « de la communication » ?
Aujourd’hui, nous sommes réellement dans une situation où le risque de l’investissement financier ne peut plus être regardé que sur l’aspect comptable. Un ‘‘sommet’’ a été organisée les 27 et 28 mai 2021 à la Toulouse School of economics avec Les Echos : « Sauver le Bien Commun ». Six lauréats de prix Nobel ont échangé avec les meilleurs économistes de la planète sur les risques de l’économie en général, pas les risques financiers directs, mais les risques sociaux, les risques des grands équilibres humains. Christian GOLLIER était chargé de la problématique sur le risque climatique.
Président de l’EAERE, l’association européenne des économistes de l’environnement, il démontre l'importance d'agir face au changement climatique.
En dehors de l’aspect risque, que pensez-vous de la notation des fonds selon des critères extra-financiers, les critères ESG ?
La démarche est absolument nécessaire, mais perfectible. Nous ne pourrons plus travailler sans avoir cet instrument d’observation. Aujourd’hui, dans une phase de construction, beaucoup de critiques sont formulées par rapport à ces notations car deux éléments devront être améliorés. D’une part, la compréhension précise de la méthodologie de notation. D’autre part, la fréquence et le nombre de publications qui aujourd’hui sont deux éléments favorisant une qualité de la notation. C’est aberrant, car on peut être un mauvais élève, un gros pollueur, mais si l’on a beaucoup communiqué, on aura peut-être une bonne note. Ce sont des éléments de blocage connus, sur lesquels des équipes travaillent. Notamment avec le professeur GOLLIER qui fait partie d’un comité d’expertises au sein de EuroNext et au sein des autorités monétaires françaises sur la définition de certains indices ESG.
Lors de différents interviews, M. Jean CASTELLINI, Conseiller-Ministre du Département des Finances, évoquait le « verdissement » du fonds de réserve à 100%, sous un délai relativement court…
C’est atteignable, certainement. Le choix et la durée du parcours sont les vrais sujets.
Une commission mixte entre les représentants du gouvernement et les représentants de l’AMAF a été créée à Monaco, sur ce thème. La première tâche assignée à cette commission est de dresser un état des lieux de la situation en Principauté ; donc on démarre.
Pensez-vous que la Finance Verte peut déjà avoir sa place dans l’ensemble des formations qui sont dispensées à l’ACI ?
L’année dernière a été une année très défavorable car nous n’avons pas pu assurer les formations habituelles. L’an prochain, nous reprenons le cycle. Avec deux sujets ; premièrement, sous quel type de format ? va-t-on faire du présentiel, du distanciel ? Vraisemblablement, un mix des deux. Nous travaillons sur le projet d’utiliser les technologies digitales, tout en y associant des groupes de travail un petit peu plus restreints, sur des thématiques bien particulières, en présentiel. Le second sujet tient à notre programme. Nous avions introduit certaines nouvelles matières, notamment sur les risques. Cette année, le colloque qui porte sur le risque climatique s’inscrit déjà dans cette continuité. Nous allons forcément élargir le risque financier sur le risque de la finance verte. Et nous réfléchissons également à un sujet sur la communication.
L’ACI est donc une association très dynamique …
Aujourd’hui, elle continue à exister , et c’est toujours une association constituée d’individus et pas de sociétés. L’ACI ne fonctionne que par la volonté de ceux qui la composent, c’est-à-dire de ses membres puis d’un bureau, d’un comité directeur. Il est important que nos chefs d’établissements qui ont des responsabilités non seulement envers leurs clients, leur Conseil d’Administration mais aussi avec leurs salariés, pensent à soutenir cette activité. Il nous appartient de les convaincre du bien-fondé de cet « investissement ».