Il y a cinq ans, KBL Richelieu change d’actionnaire et développe la marque Richelieu. Pour faire le point sur son évolution, nous rencontrons Alexandre Hezez, Stratégiste du Groupe et Thomas Lhuillier, DGA de la Banque Richelieu Monaco.
Alexandre Hezez, vous êtes à la fois Directeur de la Gestion Financière chez Richelieu Gestion et Stratégiste du Groupe Richelieu ?
Richelieu Gestion est spécialisée dans la construction, la gestion et la distribution de fonds. C’est le hub d’expertise du groupe en matière de gestion, d’allocatifs d’actifs et de stratégie, j’ai donc sous ma responsabilité l'ensemble des gérants OPCVM. Je suis également responsable de la stratégie d’investissement du Groupe Richelieu. J’élabore une stratégie directement ancrée sur les marchés financiers, sans rhétorique, ayant clairement pour objectif d’apporter de la valeur aux portefeuilles.
2018 coïncide avec la reconstruction de ce type de services qui paraissaient intéressants à la fois pour nos clients, mais aussi en termes de développement externe. Effectivement, depuis cinq ans, la distribution de nos fonds Maison se met en place, auprès d'autres banques, de conseillers en gestion de patrimoine ou de Family offices. Cette croissance valide notre stratégie.
Quels types de fonds distribuez-vous ?
Nous avons souhaité concentrer notre gamme (8 fonds actuellement) avec une particularité : l’individualisation des fonds par rapport aux gérants. Nous sommes dans une démarche contraire à l’approche classique : nous ne créons pas les produits avant d’avoir trouvé leurs gestionnaires. Nos gérants construisent leurs fonds longs termes suivant leurs expertises et leurs convictions. L’homme est à l’origine du produit, et pas l’inverse.
Sans en faire l’inventaire, pouvez-vous nous en citer quelques-uns ?
Richelieu était connu historiquement pour sa gestion des petites et moyennes entreprises européennes : c'était son cœur de métier notamment jusqu’en 2008. Deux gérants connaissent parfaitement la gouvernance de ce type d’entreprises, ils travaillent sur le fonds Richelieu Family Small Cap qui intègre des entreprises européennes avec une histoire familiale.
Richelieu America ESG est le fonds de notre gamme qui s’est le plus développé, grâce à un gérant expert du marché des valeurs américaines. Il a sélectionné des entreprises qui versent un dividende en croissance régulière à leurs actionnaires, et qui génèrent donc du cash-flow de manière récurrente. Puis, il a complété cette poche aristocrate du portefeuille par des petites et moyennes entreprises sur des secteurs porteurs.
Nous avons également un fonds opportuniste (Richelieu Harmonies ESG), qui fait mieux que la gestion passive, par une allocation d’actifs dynamique.
Enfin, Richelieu 26 est un fond daté qui permet une diversification d’émetteurs avec des ratings de bonne qualité.
Les fonds ESG semblent être primordiaux dans le choix des investisseurs. Est-ce le cas ?
Oui, et c’est loin pour nous d’être une contrainte. L’analyse extra-financière permet de se poser les bonnes questions sur la croissance et la pérennité d’une activité. Cela crée de la valeur ajoutée, permet d’obtenir une vision plus longue termiste de l’entreprise et de l’inscrire durablement dans la croissance. Nos fonds sont tous labelisés ESG (SFDR 8), avec un processus rigoureux élaboré en partenariat avec des agences de notation. Toutes les entreprises de notre fonds thématique Richelieu CityZen ont une activité directement liée à l’environnement.
Thomas Lhuillier, à Monaco, Richelieu est avant tout une banque privée ?
Le modèle que nous défendons est un modèle de boutique banque privée, qui répond à des valeurs d’agilité et de pragmatisme. Cela nous permet d’offrir à nos clients, même multi-bancarisés, l’attention et la qualité de service qu’ils recherchent. Il est vrai que la création d'une société de gestion en Principauté nous permettrait typiquement d’augmenter notre part de marché auprès de clients grands comptes…
KBL Monaco est passé sous pavillon Banque Richelieu Monaco en août 2018, comment s’est déroulée la transition ?
Bien : nous n’avons perdu aucun client ni collaborateur. D’un point de vue strictement comptable, nous sommes passés de 700 millions d’actifs sous gestion en 2008 à 3,1milliards au 31 décembre 2022, et 3,4 Mds aujourd‘hui. Notre PNB annuel, d'une dizaine de millions d'euros à l’époque, atteint un peu plus de 34 millions d'euros en 2022, et nous compterons une centaine de collaborateurs en fin d’année.
C’est une évolution substantielle qui découle non seulement d’un changement de stratégie mais également du recrutement d’un certain nombre de collaborateurs et d’une extension à l’international. Nous sommes allés chercher des relais de croissance réguliers, résilients et solides, qui nous permettent aujourd'hui de poursuivre cette dynamique de croissance.
Le crédit est-il aussi un relais de croissance ?
Nous sommes passés de moins de 200 millions d'euros de crédits à près de 800 millions d’euros aujourd’hui. Mais nous n'avons pas construit notre croissance sur le crédit. Le Groupe Richelieu souhaite se positionner sur le segment de la gestion privée au sens noble du terme, en étant capable de proposer des opérations de financement immobilier ou du crédit Lombard.
Et la croissance internationale ?
Nous nous développons au travers de plusieurs zones géographiques.
Nos desks se spécialisent notammentsur l’Europe et l’Europe de l’Ouest, , le Moyen-Orient . Un desk hybride, le desk business développement, se concentre principalement sur l'Europe et notamment l'Europe centrale (La Croatie, La Slovaquie, La République tchèque, La Pologne…). Nous sommes également présents en Afrique francophone (Côte d’Ivoire, Sénégal, Togo, Bénin, Guinée…) et au Nigeria. Et enfin notre desk CIS s'inscrit autour d'une stratégie de développement en Asie centrale (Kazakhstan, ; Ouzbékistan…). Nos implantaions internationales, sont organisées autour de Chypre où nous domicilions certaines activités commerciales et corporate de nos clients et à Abu Dhabi où la marque Richelieu GCC y est représentée autour d’une équipe de banquiers privés implementée au sein du Abu Dhabi Global Market. Tous ces desks sont autant de différenciations dans notre politique commerciale.
Le booking center des comptes ouverts à Abu Dhabi est Monaco ?
Absolument. Nous avons repris, depuis Monaco,l’exploitation d’une licence bancaire du groupeà Abu Dhabi, où nous avons aujourd’hui un bureau de représentation composé d’une dizaine de personnes. Les collaborateurs animent le marché local des Émirats, de l’Arabie Saoudite, du Qatar, et de Bahreïn ; ce sont des banquiers internationaux et polyglottes, maitrisant les réseaux locaux. Ce qui a permis depuis l’ouverture du desk de générer près de 500m€ de collecte en animant cette zone stratégique différemment afin d’assurer une croissance régulière de nos actifs.