La finance durable ? Un engagement qui s'exprime activement depuis plusieurs décennies

2021 12 15 ordioni

Entretien avec Hervé Ordioni, directeur général de Edmond de Rothschild Monaco et président de la commission « promotion de la place bancaire monégasque » à l’AMAF.

Comment la finance durable est-elle prise en compte chez Edmond de Rothschild ?

C’est d’abord la force d’un engagement qui remonte très loin dans le temps et qui s’exprime activement depuis plusieurs décennies. Forts de notre tradition philanthropique et riches des nombreux programmes exprimant cet ADN, nous avons trouvé naturel de décliner l’impact environnemental et le développement durable dans la gestion cotée pour nos clients.
Nous avons donc identifié tout ce qui pouvait composer un ensemble cohérent reflétant nos valeurs pour créer un portefeuille ayant un impact sur des thèmes durables et bâtir une gestion de convictions responsable et profitable.

Cela se traduit par des services dédiés ?

Au-delà de nos activités traditionnelles, nous nous sommes positionnés en matière de finance durable notamment en private equity avec, par exemple, Pearl Stratégie d’Edmond de Rothschild Private Equity, dédiée aux infrastructures environnementales européennes. Il s’agit de financement de solutions clé en main dans les domaines de la gestion des ressources en eau, de la production d’énergie renouvelable, de l’efficacité énergétique, du recyclage ou encore de la valorisation des déchets ; Gingko avec 600 000m2 de terrains dépollués ; Moringa avec 3 300ha de terres gérées durablement, 7 500ha de forêts réhabilitées avec un objectif de 25 000ha d’ici 2027, 6 535 agriculteurs accompagnés vers une gestion plus durable de leurs terres avec un objectif de 20 000 d’ici 2027, 5 millions d’arbre plantés.

De même en dette d’infrastructure : avec par exemple Bridge, 33% des portefeuilles sont investis dans des projets d’énergies renouvelables et 809 MWh de production d’énergie renouvelable (ce montant augmentera d’environ 700 MWh lors de l’achèvement de deux projets en cours).

Le groupe mène aussi ses propres actions : avec par exemple en terme d’agriculture durable et de respect de l’environnement son encouragement à la biodiversité en interne avec ses hôtels à insectes (140 000 abeilles hébergées à Paris) et ses actions à travers Edmond de Rothschild Héritage : valorisation des déchets organiques de la ferme des 30 arpents, association du tourisme de luxe et protection de l’environnement avec le Four Season à Megève et ses 200 m2 de panneaux solaires, ses 600 m2 de bois local et 75 % des déchets de construction recyclés localement.

Nos mandats ISR répondent également à cette volonté de gérer cette efficience énergétique, et d’accompagner les entreprises vers une moindre dépendance aux énergies fossiles. En permanence, nos choix sont guidés pour engager une décarbonisation progressive des portefeuilles.

L’intégration des problématiques ESG est plus récente ?

Depuis 2018, nous avons formalisé une approche d’intégration ESG qui a été progressivement étendue à toutes les classes d’actifs concernées et à toutes les zones géographiques. Initialement partant d’une obligation de moyens, elle intègre aujourd’hui une obligation de résultat ESG. Exigeante, l’intégration ESG impacte formellement l’objectif d’investissement ainsi que le processus d’investissement et nous permet de classer les fonds relevant de cette approche en article 8 de la SFDR.
Si les exclusions constituent un dernier recours, nous avons formalisé une politique d’exclusions concernant les secteurs qui nous semblent les moins compatibles avec notre démarche d’investisseur responsable, tels que les armes controversées, le charbon thermique et le tabac.
Nous avons développé depuis plus de 10 ans un modèle propriétaire d’analyse ESG, EdR BUILD (Bold, Universal, Impact, Long Term, Differentiation). Il permet à l’équipe Investissement Responsable d’exprimer ses convictions extra-financières, indépendamment des bases de données externes. Il se traduit par une méthodologie détaillée - plus d’une quarantaine de critères sont analysés - et équilibrée concernant les trois piliers (E, S et G), et intégrant des indicateurs propriétaires. Les thèmes évalués représentent des enjeux essentiels, tels que le changement climatique, l’eau, la biodiversité, la sûreté et la sécurité, le développement humain, l’égalité des sexes, l’éthique des affaires et les pratiques de gouvernance responsable.

 

“Le groupe Edmond de Rothschild veut incarner une autre façon de gérer ses investissements, guidés par de fortes convictions. Cela dépasse la recherche d’un seul rendement financier à court terme pour donner l’opportunité à nos clients de laisser leur empreinte sur le monde et de donner du sens à leurs investissements.”
Ariane de Rothschild
Présidente du Conseil d’Administration du groupe Edmond de Rothschild

 

LA SÉLECTION ESG POSITIVE : elle consiste à sélectionner des entreprises pour leurs bonnes pratiques environnementales, sociales et de gouvernance. L’approche Best-in-Class favorise les entreprises qui affichent les meilleures notes d’un point de vue extra-financier secteur par secteur. Quant à l’approche Best- In-Universe, retenue par Edmond de Rothschild Asset Management (France), elle consiste à sélectionner des émetteurs ayant les meilleures pratiques ESG indépendamment de leur secteur d’activité. L’approche Best effort vise à sélectionner des émetteurs démontrant une amélioration de leurs pratiques ESG dans le temps.