L’engagement de S.A.S. le Prince Souverain en faveur du développement durable fonde l’action de Son Gouvernement. Dès les années 2000 la Finance durable était déjà une réalité en Principauté. M. Jean Castellini, Conseiller de Gouvernement – Ministre des Finances et de l’Économie, souhaite positionner la Place financière monégasque comme un modèle international de la finance verte.
Est-il difficile de promouvoir la finance durable ?
En aucun cas, car aujourd’hui, il ne s’agit pas d’une démarche coercitive ou punitive, mais au contraire d’une démarche positive et inclusive. Accompagner de nouvelles solutions pour protéger la planète du réchauffement climatique est non seulement utile à tous, mais c’est une option d’investissement que les clients réclament, notamment les jeunes générations. Les Family Offices, selon une récente étude de sociétés Black Rock et Juniper, considèrent qu’avoir un impact positif sur la planète et une ambition durable est indispensable.
La Principauté de Monaco est-elle familière de l’Impact Investing ?
L’État a montré l'exemple en ce qui concerne la gestion du Fonds de Réserve Constitutionnel (FRC) dès le début des années 2000. A l’époque deux fonds de finance durable existaient en Principauté : Monaco Eco+ et MC2D, respectivement gérés par la Compagnie Monégasque de Banque et le CFM Indosuez Wealth.
En 2009 le FRC a diversifié ses investissements dans le développement durable, avec le fonds Terra Munda, géré par une filiale du groupe BNP Paribas.
Ces dernières années, nous avons également privilégié les fonds de capital-investissement avec comme ambition de trouver des talents dans le domaine de l'innovation technologique au service de l'environnement.
Aujourd’hui, les acteurs de la Finance à leur tour doivent s’adapter, et les banques intègrent cette démarche en proposant des services ou des produits à impact positif.
Ces produits ont-ils une rentabilité intéressante ?
Le « verdissement » des produits ne se fait pas au détriment de la rentabilité ou d'une prise de risque supérieure. A une époque cela pouvait être le cas, car la démarche retenue était exclusive. Certains secteurs d’activité ou pays pouvaient être évités, les opportunités d’investissement était réduites et potentiellement le risque augmentait.
Aujourd’hui, nous sommes dans une démarche inclusive où il est possible de diversifier ses investissements avec une adhésion suffisante de la part de tous les secteurs de l'économie concernés. Cela génère une performance positive, c’est pourquoi nous pouvons envisager que l’intégralité ou la quasi-totalité du FRC soit géré de manière durable.
Quel intérêt pour Monaco ?
C’est intéressant à deux niveaux : le premier est stratégique et politique, l'autre économique et financier.
Stratégiquement, nous pouvons déployer des capitaux bien au-delà de nos frontières, conformément aux ambitions du Souverain.
Le Fonds de Réserve remplit alors un rôle sociétal, il favorise l'émergence de nouvelles technologies au service du développement durable.
Pour résumer, nous aurions ainsi un fonds vert national doté de dizaines de millions d'euros pour la transition énergétique à Monaco, et un fonds de réserve vert qui déploierait des capitaux de plusieurs milliards d'euros un peu partout dans le monde.
Quel objectif pour 2021 ?
Monaco doit être un modèle international de finance durable. C’est un vecteur intéressant de positionnement de la Place bancaire et financière monégasque, même si la concurrence existe notamment en Europe avec des Places comme la Suisse ou le Luxembourg.
Notre démarche doit être collaborative. Le Département des Finances et de l’Economie pourrait proposer, dans la droite ligne de la certification professionnelle liée aux activités financières, une formation aux placements durables ; des questionnaires aux clients de la Place pourraient également cerner l’appétence pour l'investissement ESG, et notamment sur l'aspect protection de l'environnement.
J’aimerais rallier à cette idée tous les professionnels de la Place, favoriser des approches d’investissement protectrices de la planète et des générations futures.