Après une belle carrière dans « Les Technos » : équipe de management de Google France, Amazon, Orange, Frédéric GENTA est nommé en 2018 Délégué Interministériel chargé de la transition numérique de la Principauté de Monaco. Ce familier du secteur bancaire, par ses expériences professionnelles chez Lehman Brothers et Société Générale, nous donne son sentiment sur la digitalisation de la Principauté, clé de voûte de la relance monégasque.
Le confinement aurait fait gagner, en quelques mois, cinq ans de développement à la digitalisation…Est-ce vrai ?
C’est dans l’utilisation des outils numériques que la population a globalement progressé et gagné plusieurs années. Cela concerne les achats en ligne, l’éducation-formation, le télétravail… Les entreprises, tout comme les états, doivent réagir à ce nouveau paradigme, et se mettre au niveau. Notre pays est en l’exemple. Le gouvernement de Monaco a distribué 100% des aides aux entreprises en ligne, près de 6000 téléconsultations médicales ont été effectuées durant la période de confinement. Notre système d’éducation en ligne a satisfait 80% des parents, et nous avons comptabilisé très vite plus de 100000 visiteurs sur le site Covid19.mc, où la transmission des informations relatives à la pandémie a été réussie. Enfin, dans l’administration publique, tous les agents souhaitant travailler en distanciel disposent aujourd’hui des moyens pour le faire.
D’où l’importance du numérique dans le plan de relance ?
Le Prince a énoncé deux priorités concernant la transition numérique du pays. Il souhaite un état encore plus efficace et résilient, qui offre des services très performants aux administrés.
Le numérique comme axe majeur dans la relance économique du pays est la seconde priorité, pour aider les entreprises à se transformer, et pour attirer davantage de sociétés numériques sur le territoire. Dans le Top Ten des entreprises cotées, neuf sont des « Technos ». On ne peut pas l’oublier.
Comment assister les entreprises dans leur transition numérique ?
Le Fonds Bleu, l’un des quatre fonds dédiés à l’accompagnement des acteurs économiques par le gouvernement est doté de 20 millions, un effort budgétairement conséquent ; il va favoriser la transformation numérique des entreprises, la création de plateformes digitales monégasques, et le lancement d’un cloud souverain.
Aujourd’hui, les entreprises monégasques doivent se digitaliser et pour cela développer des compétences en interne. Le Fond bleu financera la formation, l’équipement, et aussi l’accompagnement des entreprises. Apprendre à maîtriser le e-commerce, la e-prospection, la signature électronique est une nécessité dans un monde numérique.
Par ailleurs, le gouvernement se mobilise pour créer des plateformes monégasques répondant à des besoins locaux : livraison de repas à domicile, réservation de tables de restaurants, covoiturage…
Monaco serait "le premier pays d’Europe à lancer son cloud souverain"…
Concrètement la création d’un opérateur, Monaco Cloud, va permettre la distribution du Cloud monégasque aux entreprises. Il s’appuiera sur la technologie Amazon, mais sera géré depuis Monaco par l’Agence Monégasque de Sécurité Numérique (AMSN).
Il leur permettra de stocker leurs données, de disposer des logiciels les plus avancés en direct, avec un niveau de sécurité garanti par l’AMSN.
Monaco pourra aussi, grâce à la puissance de stockage et de calcul du cloud devenir un acteur de premier plan, notamment dans le développement de l’intelligence artificielle.
Quel est l’objectif de la plateforme STO (Security Token Offering), le dispositif de levée de fond par la blockchain ?
L’attractivité. En partenariat avec Euronext, la principale place boursière de la zone euro, cette plateforme a pour vocation d’attirer à Monaco de nouvelles entreprises, notamment numériques. Notre ambition : créer chaque année une centaine d’emplois et injecter ainsi 150 millions d’euros dans l’économie monégasque.
Comment cela fonctionne-t-il ?
Lorsqu’une entreprise a besoin de fonds pour son projet, il lui est pratiquement impossible aujourd’hui d’accéder à la bourse. Grâce à une technologie basée sur la blockchain, elle demandera au Gouvernement Princier un visa, qui lui sera accordé sur des critères de respectabilité, de cohérence avec les valeurs de la Principauté. L’entreprise pourra alors émettre des jetons virtuels en échange d’actions. La première commission d’attribution des visas, dont le Président de l’Association Monégasque des Activités Financières, M. FRANZI, est membre, aura lieu fin septembre, avec sélection des dossiers en fin d’année.
Nous cherchons des entreprises « positives », principalement vis-à-vis de l’environnement.
Numérique et Écologie se conjuguent au présent ?
Le numérique peut soit augmenter, soit automatiser. La Principauté a fait le choix d’un numérique responsable et humain.