L’impact investing et le private equity « traditionnel » unissent leurs forces. Un plan ambitieux, établi par UBS Global Wealth Management il y a trois ans, a attiré des investissements de deux milliards et demi de francs suisses visant à générer des taux de rendement proches de ceux du marché et un impact positif sur les êtres humains et la planète qui soit mesurable et vérifiable.
James Purcell, responsable Sustainable and Impact Investing, se remémore les débuts de cette initiative : « Le plan était à l’origine très simple : trouver les meilleurs investisseurs en capital-risque du monde dans le secteur de la biotechnologie. Mobiliser des capitaux dans le but précis de guérir le cancer. Assujettir les médicaments à une faible redevance de nature caritative, de manière à ce que, dans l’éventualité où ces médicaments deviennent des blockbusters, la recherche fondamentale en oncologie puisse bénéficier de retombées financières qui lui permettraient de financer ses travaux et de faire, peut-être, de nouvelles découvertes majeures. »
C’était en 2016. À l’époque, l’UBS Oncology Impact Fund parvint à réunir un investissement de 471 millions USD de ses clients. Dès lors, le « who’s who » du private equity s’est efforcée d’atteindre ce double objectif : un rendement et un impact. UBS Global Wealth Management a établi à cette fin plusieurs partenariats, avec notamment TPG Rise, KKR Impact et Generation III. L'intérêt des clients n'a depuis cessé de croître et ce type de fonds, focalisés sur le rendement, leur permet de soutenir des entreprises ayant un réel impact sur la société et l’environnement tout en récoltant le fruit de leurs investissements dans des proportions très compétitives.
Le chemin vers la normalisation de l’impact investing a connu de nombreux détours. Le terme « impact » est encore aujourd’hui utilisé pour décrire des investissements qui ne génèrent pas les retombées environnementales ou sociales positives que leur nom laisse à suggérer. « L’“impact washing” (lorsque les investissements sont qualifiés de durables sans preuves tangibles) est un réel problème sur le marché, indique James Purcell. Certaines sociétés font passer le marketing avant les résultats concrets. »
Par exemple, un fonds d’investissement qui rachète des titres cotés en bourse de sociétés spécialisées dans les énergies renouvelables tout en cédant, en parallèle, les parts qu’il possède dans des sociétés exploitant des mines de charbon peut sembler apporter une contribution majeure en faveur de l’environnement. Il n’en est pourtant rien : les actions qu’il rachète ou revend existaient déjà, aucun capital n’est apporté ou pris aux sociétés impliquées. Le private equity change cette équation. Les opérations de capital-développement, consistant à investir dans des actions nouvellement émises par une société pour augmenter ses fonds propres (marché primaire), ont un impact réel sur son développement..
Le private equity est une classe d’actifs susceptibles d’intéresser ceux qui souhaitent, par leurs investissements, faire avancer les choses. En plaçant leur argent, les investisseurs peuvent contribuer à la création d’entreprises de nouvelle génération mettant au point des médicaments pour soigner le cancer, des technologies contribuant au bien-être de la société, ou bien encore des sources alternatives de protéines plus respectueuses de l’environnement. Ils peuvent suivre les effets concrets des activités de ces sociétés grâce à des indicateurs tels que le nombre de vies humaines sauvées ou les tonnes de carbone qui n’ont pas été rejetées dans l’atmosphère.
Pour lutter contre la menace de l’« impact washing », le secteur de l’impact investing a adopté, en avril dernier, les Operating Principles for Impact Management (principes opérationnels pour la gestion de l’impact) définis par l’International Finance Corporation. Ces principes, au nombre de neuf, couvrent tous les aspects liés à ce domaine : de l’intention stratégique à l’impact final en passant par la gestion du portefeuille. Ils ont été développés pour aider les investisseurs à différencier les investissements ayant un réel impact sur la société et l’environnement de ceux qui n’en ont pas. UBS Global Wealth Management a siégé au sein du comité de pilotage à l’origine de ces principes ; et le Président du Groupe UBS, Axel Weber, fut l’un de leurs signataires fondateurs au cours des Réunions de printemps du Groupe de la Banque mondiale/IFC à Washington, D.C.
James Purcell souligne l’importance de cette avancée majeure : « Pour répondre aux défis mondiaux en termes de développement durable, nous devons accroître nettement la part de l’impact investing. En donnant à ces termes une définition crédible, les principes de l’IFC jettent les bases d’une mobilisation de capitaux sensée, d’une ampleur sans précédent, qui se fera en grande partie par le biais du private equity. »