Directeur Général de la Banque Edmond de Rothschild à Monaco, et Président de la Commission « Promotion de la Place Financière de Monaco » de l‘Association Monégasque des Activités Financières (AMAF), Hervé Ordioni fait le point sur tout ce que la Principauté de Monaco entreprend de manière active pour se conformer aux standards européens en matière de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme.
Vous êtes Président de la Commission de Promotion de la Place à l’AMAF, pouvez-vous définir votre rôle ?
Promouvoir la place bancaire à l’AMAF, c’est mettre en perspective les piliers de l’attractivité de la Principauté. Dans le cadre de cette mission nos interlocuteurs sont des intermédiaires, des conseils, des représentants de familles fortunées. De manière générale, nous pouvons les considérer comme des influenceurs, en ce sens qu’ils peuvent orienter ou non le choix de ces familles vers une installation en Principauté. J’ai tendance à dire que tout ce qui peut contribuer à améliorer sans cesse l’image de la Principauté auprès de ces personnes, avec une pédagogie inlassable de ce que sont nos réalités et nos spécificités, doit être encouragé collectivement.
Il s’agit bien d’une démarche collective, avec les deux colégislateurs que sont le Gouvernement et le Conseil National d’une part, mais aussi avec toutes les instances représentatives qui apportent collectivement leur pierre à l’édifice, celui d’une construction « réputationnelle » active, répondant point par point aux exigences de Moneyval notamment.
Ma mission est donc de mener des actions de communication et de promotion vous l’aurez compris, davantage en B to B comme on le dit dans notre jargon. Et lorsque les consultants et intermédiaires dressent un panorama des pays, alors ils scrutent le fait qu’une place bancaire est régulée à la hauteur des exigences internationales.
Est-ce le cas à Monaco ?
Oui, et sa diligence devant les évolutions normatives et ses adaptations législatives sont reconnues. La dernière loi n°1503 renforçant le dispositif de lutte contre le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme et la corruption, illustre une nouvelle fois cette capacité d’adaptation. Je note d’ailleurs avec satisfaction que nos législateurs ne se sont pas contentés de transposer une à une les directives de l’Union Européenne en la matière, mais qu’il s’agit bel et bien de textes législatifs adaptés à la singularité monégasque, et répondant parfaitement aux exigences d’image, de réputation, d’attractivité, en conformité avec les standards européens.
Faire partie de ces pays qui agissent en conformité active, est un élément très important pour les personnes qui prennent résidence à Monaco. En effet, il est primordial que ces personnes n’aient pas le sentiment qu’on les regarde en coin. Car si on doit penser en phase de promotion aux personnes que nous souhaitons attirer en Principauté, il faut aussi penser aux exigences légitimes de nos résidents récents ou plus anciens.
J’ai tendance à penser que la réputation du pays rejaillit forcément sur la réputation des résidents. Alors j’y reviens, je considère que Monaco est comme un « club », mais un club select qui dispose aujourd’hui d’un parfait règlement intérieur.
Pour des pays « en vue » comme Monaco, le risque réputationnel est devenu primordial ?
Le travail sur l’image du pays doit mobiliser l’implication de tous ses acteurs. Il s’agit d’un travail de longue haleine. Oui, le risque réputationnel est devenu primordial, à l’heure des fakenews, des buzz en tous genres sur les réseaux sociaux, et de la lutte concurrentielle entre certaines places polarisant l’attention des résidents potentiels les plus fortunés.
Il faut continuer de tordre le coup aux vieux clichés éclusés : il y a en Principauté une trentaine de banques qui appartiennent toutes à des réseaux internationaux. Contrairement à certaines images persistantes, les banques ont souvent été en avance sur les mises à jour et les adaptations législatives, puisqu’elles devaient coller aux règles de leur groupe d’appartenance.
Ces grands groupes ont des obligations qui redescendent de fait et tout naturellement jusque vers les entités monégasques. Pour les entités plus indépendantes comme les sociétés de gestion, le fait que la législation évolue permet à ces maisons de se mettre elles aussi en conformité.
Dans ce monde en quête d’Harmonisation, les règles de « compliance » ne présentent pas d’avantage comparatif, mais au contraire elles sont devenues un marqueur indispensable, et nous nous différencions évidemment par d’autres aspects.
Lesquels ?
C’est là qu’entrent en jeu les critères de performance et de spécialisation, et cette faculté que notre secteur bancaire a su développer ces dernières années, celle d’un accompagnement sur mesure des clients de la place monégasque.
Ces critères de performance et de services, qui doivent intégrer les concepts de finance d’impact et les critères ESG/ISG, associés à cette conformité remarquable de la place bancaire, viennent compléter l’ADN de l’attractivité monégasque qui s’appuie sur ses piliers traditionnels que sont : la sécurité, la stabilité politique, l’excellence de son offre de soins, celle de son système éducatif, son climat aussi, sans oublier la proximité des principales infrastructures de réseaux internationaux de transport aérien. Ajoutons à cela le sujet stratégique de la transition numérique, profitable à tous, et au cœur des projets gouvernementaux. Déployée avec une ambition affichée de compétitivité et d’attractivité, la mutation numérique de Monaco s’accompagne de tous les dispositifs permettant la sécurité des données, et venant compléter la sécurité des biens et des personnes.
Monaco a depuis longtemps adopté les meilleures pratiques. Nos investisseurs finaux ainsi que leurs conseils l’ont bien intégré. Charge à notre démarche collective, celle de notre secteur, celle de l’Etat et de ses autorités, de les consolider sans cesse, grâce au travail de chacune et de chacun.