Dans un contexte économique international en constante évolution, le Monaco Economique Board, en partenariat avec la Banque Populaire Méditerranée à Monaco et Gramaglia Assurances, a organisé une conférence animée par Jean-Christophe Caffet, économiste en chef de la Coface. Une analyse sans complaisance de la situation économique mondiale, marquée par des tensions géopolitiques, des risques de récession et des opportunités encore exploitables.
Un environnement économique sous haute tension
Le tableau dressé par Jean-Christophe Caffet est clair : les perspectives économiques mondiales sont dominées par l’incertitude. Entre la politique monétaire restrictive des banques centrales, la désorganisation des chaînes de valeur et les tensions géopolitiques croissantes, les entreprises doivent naviguer dans un environnement à haut risque.
Aux États-Unis, l'élection de Donald Trump et sa politique économique marquée par des baisses d’impôts massives, une hausse des droits de douane et une régulation plus souple suscitent à la fois espoir et inquiétude. Si à court terme ces mesures pourraient dynamiser l’activité économique, leur impact à moyen et long terme sur la dette publique et l’inflation américaine reste incertain.
En Europe, la situation est plus fragile. La croissance y reste anémique, plombée par des coûts salariaux en hausse et une inflation structurelle qui pèse sur la rentabilité des entreprises. La Banque centrale européenne a amorcé une baisse des taux, mais la dynamique d’investissement reste insuffisante pour relancer la machine économique.
De plus, la fragmentation des économies européennes rend difficile une réponse coordonnée face aux défis mondiaux. L'hétérogénéité des politiques fiscales et budgétaires entre États membres complique la mise en place de stratégies efficaces, tandis que la productivité peine à retrouver son dynamisme d’antan.
Les prévisions pour la zone euro restent incertaines, notamment en raison du ralentissement observé en Allemagne, moteur économique du continent. L'industrie manufacturière européenne traverse une période difficile, en particulier dans le secteur automobile, où la baisse de la demande et la transition vers l'électrique bousculent les modèles économiques établis.
Un marché mondial fragmenté, entre risques et opportunités
Le commerce international subit de plein fouet les tensions commerciales et la montée des politiques protectionnistes. La Chine, confrontée à un ralentissement démographique, économique et à des restrictions commerciales, cherche à redéployer son modèle de croissance. L’Europe, elle, voit ses entreprises confrontées à un contexte de plus en plus concurrentiel, notamment face à des acteurs asiatiques très compétitifs.
Dans ce paysage contrasté, certaines opportunités demeurent. Les pays producteurs de matières premières, notamment dans le secteur énergétique, bénéficient de la hausse des prix. L'Afrique, bien que fragilisée par des difficultés structurelles, reste un marché porteur pour les investisseurs avisés, et dans certains pays seulement, comme la Côte d’Ivoire, ou l’Afrique du Sud. Certains pays, comme le Maroc, affichent une dynamique économique plus résiliente grâce à des investissements stratégiques et une diversification de leurs industries.
Le marché des matières premières reste un indicateur clé des dynamiques économiques. Les tensions sur les marchés de l'énergie, notamment du gaz en Europe, posent un défi supplémentaire pour les industriels. La transition énergétique complexifie encore davantage cette équation, rendant cruciales les décisions en matière d’investissement durable.
Le secteur technologique connaît aussi une restructuration accélérée. La production et l’approvisionnement en semi-conducteurs restent sous pression, et les tensions entre les grandes puissances économiques affectent les chaînes d’approvisionnement. L’intelligence artificielle et l’automatisation constituent des relais de croissance, mais nécessitent des investissements conséquents et une main-d’œuvre qualifiée.
En conclusion...
La conférence du MEB a mis en lumière un état des lieux sans concession des grands enjeux économiques actuels. Dans un monde où les cartes sont sans cesse redistribuées, la capacité d'anticipation et d'adaptation est essentielle. Les entreprises devront redoubler de prudence et ajuster leurs stratégies pour s’adapter à cette conjoncture mouvante.
Credit photo : MEB / P.H. Sébastien Darrasse
