Regards croisés sur l'engagement associatif au service de la Place financière monégasque

2025 03 27 Engagement Associatif

Monaco se distingue aujourd’hui par un tissu associatif dynamique en matière financière. Deux associations ont été constituées à l’initiative de l’Association Monégasque des Activités Financières, le Président de l’AMAF en étant le Président d’honneur. Il s’agit de l’AMCO, Association Monégasque des Compliance Officer, et de l’AMFiD, Association Monégasque de la Finance Durable.   Deux femmes y jouent un rôle majeur : Anne-Marie Felden, trésorière de l’AMCO, et Laure Canas da Silva, présidente de l’AMFiD. Retour sur leurs parcours, leur engagement et les défis actuels.

Vos parcours sont tous deux ancrés dans l’expertise et la rigueur. Pouvez-vous nous en dire davantage ?

Anne-Marie Felden : J’ai commencé ma carrière comme expert-comptable à Sophia Antipolis avant de rejoindre, il y a près de vingt ans, KPMG GLD et Associés à Monaco, en tant que responsable de l’audit. Cette expérience m’a permis d’acquérir une connaissance fine du tissu économique monégasque. Aujourd’hui, en tant que commissaire aux comptes et membre de l’Ordre des experts-comptables de Monaco, je suis confrontée quotidiennement aux enjeux de conformité, d’audit et de gestion des risques. Mon intégration au conseil d’administration de l’AMCO, où j’occupe la fonction de trésorière, découle naturellement de ce parcours. J’aurai également une responsabilité au niveau du comité sectoriel AMCO « chiffres et droit ».
Laure Canas da Silva : J’ai évolué pendant sept ans à Paris, en tant que Head of Corporate Actions sur les marchés Euronext pour une banque. En rejoignant Monaco, j’ai intégré un cabinet de conseil Big Four, avant de devenir Responsable Regulatory dans une banque privée pendant six ans. Aujourd’hui, je suis Head of Conduct Risk and Regulatory chez EFG Bank (Monaco). Très engagée personnellement dans des actions environnementales et sociales, j’ai été sollicitée par Hervé Ordioni qui présidait la Commission de promotion de la Place en 2022 pour fonder l’AMFiD, dédiée à la finance durable et aux critères ESG. C’est un projet que j’ai porté avec enthousiasme, entourée de fondateurs engagés.

Comment définiriez-vous la mission de vos associations respectives ?

Laure Canas da Silva : L’AMFiD – Association Monégasque de la Finance Durable – a vu le jour en 2023. Sa vocation est de promouvoir les critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (ESG) à Monaco, de servir de relais entre correspondants ESG, et de proposer une veille réglementaire ainsi que des formations de haut niveau. Nous avons également un rôle de conseil auprès des institutions locales, afin d’accompagner au mieux les établissements de la Place dans leurs transitions.
Anne-Marie Felden : L’AMCO existe depuis plus de 25 ans. Elle regroupe aujourd’hui 270 membres issus de plus de 14 secteurs professionnels, dont 120 établissements assujettis. Sa mission est de fédérer les Compliance Officers de la Principauté, de favoriser les échanges d’expérience, d’assurer une veille juridique sur la loi 1.362 et ses évolutions, et de collaborer avec les autorités pour faire progresser la culture de la conformité à Monaco. Elle œuvre aussi à la structuration de la formation professionnelle en matière de compliance.

Quels défis principaux rencontrez-vous actuellement ?

Anne-Marie Felden : Le principal défi reste la sortie de la liste grise. Cela implique de poursuivre le renforcement de la culture de la conformité, notamment grâce à des outils comme le futur certificat AMCO-IUM. L’autre enjeu est de maintenir un dialogue permanent avec les autorités et institutions (AMSF, Conseil National, etc.) pour faire remonter les préoccupations des membres et adapter les pratiques. Il faut également conjuguer conformité et attractivité de la Place, ce qui est un exercice subtil.
Laure Canas da Silva : De notre côté, la priorité ESG a été bousculée par les tensions géopolitiques actuelles. La réintégration de secteurs comme la défense ou le charbon dans certains fonds dits « durables » illustre la complexité du contexte. L’un de nos défis est donc de maintenir une ligne claire, éthique et pragmatique, en évitant le greenwashing.

Monaco se distingue-t-elle sur la scène financière internationale dans vos périmètres respectifs ?

Laure Canas da Silva : Oui, Monaco est perçue comme un acteur engagé en matière de durabilité, notamment grâce à l’impulsion du Prince Souverain. Des initiatives telles que les projets immobiliers durables ou les actions de la Fondation Prince Albert II sont emblématiques. L’AMFiD s’inscrit pleinement dans cette démarche, en anticipant les risques, en analysant les labels, et en sensibilisant sur les dangers du greenwashing.
Anne-Marie Felden : Absolument. Monaco affiche une volonté claire de conformité internationale. L’AMCO y contribue activement à travers ses échanges avec les régulateurs étrangers, la participation à des conférences internationales, et la diffusion des bonnes pratiques. La Place financière bénéficie d’un niveau de compliance élevé, qui lui permet de se positionner favorablement face à des centres financiers parfois plus exposés.

Quels sont les enjeux communs à vos deux associations ?

Anne-Marie Felden : A l’instar du programme de formation offert chaque année par l’ACI (cf. article récent xxx), nous partageons l’objectif de renforcer les compétences des professionnels. Cela passe par la formation continue, la certification, et la transversalité des approches. L’AMCO travaille en lien étroit avec d’autres associations du secteur, dans une logique de co-construction. Il faut créer des ponts entre les métiers et les secteurs pour mieux avancer ensemble.
Laure Canas da Silva : Tout à fait. La formation est l’un des enjeux clés. L’AMFiD participe à l’élaboration du contenu ESG des certifications, en collaboration avec l’IUM. Nous avons récemment mené une cartographie des pratiques ESG dans les établissements, qui a révélé un besoin de formation homogène et partagée. C’est un socle commun, essentiel pour la crédibilité de la Place.

Un mot sur la place des femmes dans ces associations ?

Anne-Marie Felden : Même si certaines instances étaient historiquement masculines, les femmes ont toujours joué un rôle essentiel dans l’animation des comités, la formation et le développement des compétences. Aujourd’hui, leur présence s’affirme davantage, y compris en termes de gouvernance, ce qui est une évolution naturelle et bienvenue.
Laure Canas da Silva : Je partage ce constat. Plus que le genre, c’est la diversité dans son ensemble qui fait la richesse de nos associations. Ce sont les compétences, l’écoute, la capacité à travailler en équipe qui comptent. L’important est de s’entourer de personnes, hommes ou femmes, qui nous tirent vers le haut.