Adina Bates, responsable de l’offre yacht financing, et Nicolas Feit, directeur général de Société Générale Private Banking Monaco, expliquent comment des prêts bien structurés peuvent faire partie d'une stratégie d’optimisation de l’acquisition d’un mega-yacht.
La flotte mondiale de superyachts en activité n'a cessé de croître. Il y a des signes encourageants pour le développement durable et l'évolution de notre industrie, alimentée par la croissance exponentielle du nombre de personnes fortunées dans le monde. L’univers du yachting est un formidable laboratoire pour le changement, l'innovation et la promotion des métiers d’artisanat liés au yachting.
Avec environ 3 700 propriétaires pour plus de 5 500 yachts en activité, il est clair que de nombreux propriétaires possèdent plus d'un bateau et sont souvent des acheteurs récurrents. Le marché est aussi constitué, dans une moindre mesure, de nouveaux acheteurs.
On peut se demander pourquoi de nombreuses personnes fortunées ayant la capacité de construire ou d'acheter des yachts ne sont tout simplement pas tentés par l'aventure. Les préoccupations liées à l'environnement et au changement climatique, la perception de l'image ou de la réputation liée à la possession de ce type d’actifs dans certaines parties du monde, la méconnaissance de l'industrie du yachting et de l'effort d'innovation qui la sous-tend sont quelques-unes des explications.
Une raison plus pragmatique qui revient souvent est qu'un yacht n'est pas considéré comme un investissement traditionnel. Soit les acheteurs sont passionnés par la mer et l'écosystème maritime et ils en acceptent le coût associé, soit il faut leur démontrer qu'il existe des possibilités de structurer efficacement un investissement lié à la navigation de plaisance. Avec un faible taux d'utilisation par le propriétaire ou sa famille, et des coûts d'entretien élevés, les entrepreneurs sont désireux d'explorer toutes les possibilités de réduction des coûts, y compris ceux liés à la dépréciation du bateau. De nouveaux modèles de propriété sont à l'étude pour répondre à ces hésitations, comme la propriété fractionnée, entre autres.
Une autre possibilité d'optimiser les coûts est de structurer le financement de l'acquisition de manière à ce qu'une partie des fonds propres, initialement budgétés pour la transaction, soit investie dans des projets créateurs de valeur. L'emprunt est utilisé comme un outil d'optimisation de la trésorerie. Les prêts pour financer des yachts sont généralement garantis en partie par une hypothèque maritime et en partie par des actifs financiers. Ces derniers sont investis selon une stratégie convenue entre le client et la banque, en fonction de l'appétit pour le risque du client et des conditions générales du marché.
Dans ce cadre, la banque peut financer jusqu'à 100 % de la valeur marchande d'un yacht, la majeure partie du prêt étant garantie par l'actif lui-même. Le remboursement est prévu trimestriellement ou annuellement à terme échu et comprend un paiement libératoire à l'échéance du prêt. Ce mécanisme permet à l'emprunteur d'ajuster l'échéancier des remboursements en fonction des événements de trésorerie à venir. La situation financière globale du client reste plus liquide au fil du temps et une partie du coût du prêt est couverte par le rendement du portefeuille investi. En conséquence, plus de la moitié de la valeur marchande du yacht peut être réaffectée par le client à ses propres projets, qui génèrent généralement des rendements supérieurs au coût marginal du prêt.